Santé : la psychose du virus Ebola gagne du terrain en Europe et aux États-Unis

Samedi 18 Octobre 2014 - 16:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L’inquiétude qui règne en Europe après des cas de contagion hors d’Afrique suscite une psychose généralisée d’une contagion de masse au virus Ebola dans les quatre coins du continent, malgré des appels au calme et des contrôles renforcés aux frontières dans plusieurs pays.

L’angoisse de contagion de masse du virus Ebola a fait que des aéroports entiers,  écoles, hôpitaux, et autres structures ont été fermés dans plusieurs villes et capitales occidentales. Et parfois ce sentiment de peur astreint les gens jusque dans leurs chambres à coucher.

Réagissant à cette peur bleue qui gagne l’Occident, Nicolas Veilleux, psychologue de Médecins sans frontières (MSF), a relevé le décalage, ou mieux selon ses propres termes, « une forme de distorsion » qui existe entre la réalité et la peur d’être contaminé. « On fait face à une peur et une prise de conscience que le virus peut passer les frontières », constate-t-il. « Ce genre de comportement, s’est  beaucoup vu au début de l’épidémie du sida dans les années 80 », a rappelé le psychologue qui a plaidé pour une meilleure éducation sur les modes de transmission du virus Ebola.

En Espagne où le premier cas d’Ebola contracté hors d’Afrique a été diagnostiqué sur une infirmière qui avait traité deux missionnaires morts de la fièvre hémorragique après leur rapatriement au Liberia et en Sierra Leone, des experts relèvent des comportements troublants. Ils déplorent déjà le fait que l’hôpital Carlos III, à Madrid qui centralise le traitement des cas éventuels, a demandé aux médias de ne plus diffuser les images de patients aux fenêtres.

Les responsables de cette structure justifient cette mesure au motif qu’ils ont reçu une avalanche d’appels de personnes inquiètes que le virus puisse se répandre dans l’air. Des témoins affirment qu’il est même difficile aujourd’hui de trouver un taxi aux abords de l’établissement sanitaire puisque les chauffeurs craignent que les personnes qui s’y rendent soient déjà contaminées.

Jusqu’à maintenant, les premières victimes de l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola sont les ressortissants africains, d’où qu’ils viennent. Le dernier bilan de l’OMS indique que la pandémie a déjà fait près de 4.500 morts sur environ 9.000 cas enregistrés dans cinq pays d’Afrique (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal), en Espagne et aux Etats-Unis.

Après l’Espagne et les Etats-Unis, une alerte sanitaire a été déclenchée en Italie quand un Somalien, qui n’avait pas quitté le pays depuis deux ans, a saigné du nez et fait un malaise dans un bureau des services d’immigration où il venait faire renouveler ses papiers. Après des examens, l’on était arrivé à la conclusion qu’il s’agissait plutôt d’une crise d’épilepsie au lieu d’Ebola.

L’angoisse de l’épidémie Ebola n’a pas épargné la France. En témoigne ce qui s’est passé la semaine dernière lorsqu’un commissariat de police de la banlieue de Paris a été bouclé après qu’un homme de retour du Nigeria s’y est présenté en disant avoir des vomissements. Heureusement, cette crainte a été rapidement levée. Cette personne n’avait pas de fièvre et était rentrée en France depuis trois mois, bien au-delà de la durée d’incubation de 21 jours. Dans la capitale française toujours, trois familles ont déjà refusé de déposer leurs enfants dans une école de Boulogne-Billancourt, dans la banlieue parisienne, en raison de la présence d’un élève récemment rentré de Guinée, comme l’a indiqué la mairie de la commune.

Par ailleurs, une source proche de la représentation diplomatique du Congo en France indique que l’ambassade du Congo qui cherchait  un local pour une opération de renouvellement des passeports de ses ressortissants en France, a indiqué s’être vu refuser une location par une société en raison de « l’épidémie d’Ebola »

Des sources concordantes font état de la peur qui est particulièrement prégnante dans des lieux publics des pays comme la Turquie, où plus d’une dizaine de fausses alertes ont été recensées à Istanbul ; la Belgique, où des bagagistes de l’aéroport de Bruxelles ont refusé de décharger des vols en provenance de Guinée. Il faut aussi parler des Etats-Unis, où deux établissements ont été fermés dans l’Ohio (nord) et le Texas (sud) de crainte que des élèves ou un enseignant couvent le virus après avoir voyagé entre les deux Etats par le même vol qu’une infirmière contaminée. La discrimination et l’ostracisme vont déjà au-delà des pays africains touchés par Ebola. C’est le cas en Grande-Bretagne, où une écolière a, sous la pression des parents, annulé un échange avec un enseignant originaire du Ghana.

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula