Santé publique : cours en ligne sur la nutrition des diabétiques en Afrique

Mercredi 13 Novembre 2019 - 14:30

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L'initiative est de l’Université de Bamako ( Mali) et le Réseau en Afrique francophone pour la télémédecine, en collaboration avec les universités de Montréal, Libre de Bruxelles et de Genève.

Le cours sous forme de MOOC (Massive open online course) s’adresse en priorité aux étudiants, professionnels et personnels de santé ou de nutrition qui souhaitent s’outiller pour mieux intégrer la nutrition dans les soins aux personnes vivant avec le diabète. L'objectif est de montrer comment intégrer l’écosystème et les traditions alimentaires africaines dans une alimentation diabétique. 

A travers les vingt-trois modules que comprend le cours, il s’agira de démontrer l’importance de la nutrition, chez le patient, pour la prise en charge comme pour la prévention du diabète, en Afrique. Aujourd’hui, cette maladie est considérée comme un problème de santé publique dans le monde et particulièrement sur le continent où il connaît une croissance plus rapide. Le diabète touche environ vingt-cinq millions de personnes en Afrique contre quatre millions en 1980, entraînant ainsi un coût économique considérable. La maladie y progresse tout particulièrement  sous l’effet conjugué de l’urbanisation rapide, la modification des habitudes alimentaires, l’augmentation de l’espérance de vie et les mutations environnementales.

Selon un rapport publié par la revue médicale britannique The Lancet Diabetes & Endocrinology en 2017, les coûts liés au diabète en Afrique subsaharienne pourraient tripler d'ici à 2030 pour atteindre cinquante-deux milliards d'euros. En 2015, le fardeau économique du diabète représentait environ dix-sept milliards d'euros, soit 1,2% du produit intérieur brut de la région. Ce montant inclut le coût des traitements et des hospitalisations, les pertes de productivité et les arrêts de travail.

Le diabète est une maladie qui se définit par une glycémie trop élevée en permanence. Une alimentation déséquilibrée, un mode de vie sédentaire, un surpoids ou une obésité sont des facteurs de risque qui peuvent déclencher la maladie mais ceci se fera, dans la majorité des cas, sur un terrain de prédispositions familiales. En effet, dans plus de la moitié des cas, le diabète de type 2 survient dans des familles où existent déjà des antécédents de la maladie. Des complications aiguës peuvent apparaître, notamment une baisse de l'acuité visuelle pouvant conduire à la cécité (aveugle); la destruction des reins, des pertes de sensations qui affectent principalement les jambes et les pieds, le dysfonctionnement érectile qui peut entraîner l'impuissance chez l'homme.

Des financements très faibles

Pourtant, malgré la gravité de la situation, les financements mondiaux consacrés à ce défi majeur de santé publique restent limités (de l’ordre de 2 %). Dans ces conditions, comment imaginer faire face à une telle transition épidémiologique aux multiples facettes (humaines, sociales, économiques), couplée à une bombe à retardement pour ce qui concerne les coûts de santé ? Comment améliorer, sur le continent le plus démuni, la prise en charge déjà limitée des malades et soutenir des systèmes de santé déjà défaillants ? Une mobilisation internationale s’impose d’urgence, pour sensibiliser au fléau trop longtemps oublié, et surtout pour soutenir et redonner espoir aux malades, le plus souvent démunis, privés d’accès aux soins et des traitements adaptés.

L'autre point important, c'est le soutien à l’innovation médicale et sociale pour favoriser l’évolution des pratiques de soins et le renforcement de l’autonomie des malades et la défense de leurs droits. Sans oublier le développement de plates-formes d’acteurs coalisés (malades, chercheurs, pouvoirs publics et bailleurs, secteur privé). Ce qui va permettre de renforcer la lutte et la prise de conscience, porter la voix des patients, mobiliser les bailleurs de fonds et les acteurs multilatéraux. Et surtout pousser l’industrie pharmaceutique à revoir les prix des traitements des maladies chroniques en Afrique afin de garantir un accès aux patients les plus démunis.

Comment justifier, en effet, que l’insuline, un traitement pour le diabète de type 1, découvert il y a presque cent ans, reste inaccessible à la majorité des patients en raison de son prix ? En Afrique, une année d’approvisionnement en insuline représente plus de 17 % des revenus d’une famille. Les succès obtenus dans la lutte universelle contre le sida, le paludisme ou la tuberculose montrent que cela est possible.

Noël Ndong

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