Santé publique : des cas de cécité en recrudescence dans le monde

Vendredi 11 Octobre 2019 - 14:16

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L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté sur la question, dans son premier rapport sur la vision publié le 9 octobre, attirant l’attention des responsables des services de santé ainsi que les experts du domaine.

L'étude fait suite à un constat selon lequel, dans la majorité des services sanitaires, il manquerait une politique efficace des soins oculaires, alors qu’il serait impératif d’intégrer les soins oculaires dans les services de santé nationaux, y compris au niveau des soins de santé primaires. Selon les récentes données sur la question, environ deux milliards de personnes sont atteintes de déficience visuelle ou de cécité. Parmi ces cas, il est révélé que si on y prêtait attention, plus d’un milliard de personnes auraient pu éviter la maladie.

« A l’échelle mondiale, plus d’un milliard de personnes vivent avec une déficience visuelle, parce qu’elles ne reçoivent pas les soins dont elles ont besoin pour des affections comme la myopie, la presbytie, le glaucome ou la cataracte », déplore le rapport. 

En effet, lancé en marge de la Journée mondiale de la santé mentale qui a eu lieu le 10 octobre, le document fait constater que le vieillissement de la population, l’évolution des modes de vie et les problèmes d’accès aux soins oculaires, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, comptent parmi les principaux facteurs responsables de l’augmentation du nombre des personnes atteintes de troubles visuels.  

Pour le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui intervient dans ce rapport en sa qualité d’initiateur, les affections oculaires et les troubles de la vision sont très répandus et ne sont pas traités. Les personnes qui ont besoin de soins oculaires, a-t-il indiqué, doivent pouvoir bénéficier d’interventions de qualité sans être exposées à des difficultés financières. C’est pourquoi, l’inclusion des soins oculaires dans les plans nationaux de santé et l'ensemble de soins essentiels constitue pour chaque pays, une étape importante sur la voie de la couverture sanitaire universelle.

 « Il est inacceptable que soixante-cinq millions de personnes dans le monde soient aveugles ou malvoyantes, alors que leur vision aurait pu être corrigée du jour au lendemain par une opération de la cataracte ou que plus de huit cents millions de personnes éprouvent des difficultés dans leur vie quotidienne parce qu’elles ne possèdent pas de lunettes », a-t-il ajouté

Environ quatorze milliards de dollars pour faire face à la maladie

D’après les prévisions de l’agence onusienne, pour traiter les personnes atteintes de déficiences visuelles ou de cécité dues à la myopie, à la presbytie ou à la cataracte, un budget de quatorze millions de dollars est nécessaire.

Spécifiant les catégories des personnes qui en soufrent, le rapport souligne que la charge des affections oculaires et des déficiences visuelles n’est pas répartie de manière égale. D’autant plus que les plus touchées sont généralement les personnes vivant en milieu rural, les personnes à faible revenu, les femmes, les personnes âgées, les personnes handicapées, les minorités ethniques et les peuples autochtones.  Ainsi, d’après les estimations, dans les régions à revenu faible ou intermédiaire, l’incidence de la cataracte et du trichiasis trachomateux est plus élevée chez les femmes, en particulier dans les pays sous-développés.

Principaux facteurs de l’augmentation des cas de déficience visuelle

D'après l’enquête de l’OMS, la croissance démographique et le vieillissement de la population vont fortement accroître le risque de voir davantage de personnes développer des troubles oculaires ou une déficience visuelle, étant donné que la prévalence augmente avec l’âge. Parmi les facteurs qui sont à l’origine des affections oculaires les plus courantes se trouvent la myopie, la rétinopathie diabétique et la détection tardive.

Concernant la myopie, l’expertise souligne que la réduction du temps passé à l’extérieur et l’intensification des activités en vision de près entraînent une hausse du nombre de personnes atteintes de cette maladie. Mais, il est possible de réduire ce risque en passant davantage de temps à l’extérieur.

Concernant la rétinopathie diabétique, il est noté qu’un nombre croissant de personnes sont atteintes de diabète, en particulier de type 2 qui, s’il n’est pas détecté et traité, peut avoir des conséquences sur la vision. Car, presque tous les diabétiques développent une rétinopathie sous une forme ou une autre au cours de leur vie. Cependant, des examens oculaires réguliers et une bonne surveillance du diabète peuvent s’avérer utiles à cet égard.

Quant à la détection tardive, l’OMS indique qu’en raison de la médiocrité ou du manque d’intégration des services de soins oculaires, de nombreuses personnes n’ont pas accès à des examens systématiques permettant de détecter les maladies et de dispenser les soins ou les traitements préventifs appropriés.  

« Les affections ophtalmologiques qui peuvent entraîner une déficience visuelle et la cécité, comme la cataracte, le trachome ou les défauts de réfraction doivent être au cœur des stratégies nationales de prévention et d’autres stratégies relatives aux soins oculaires », insiste l’OMS, ajoutant que l’importance des affections ophtalmologiques ne doit pas être sous-estimée.  

 Intégrer les soins oculaires dans les services de santé nationaux

Déplorant le fait que la majorité de la population a difficilement accès aux services de santé par manque de moyens financiers, le rapport fait observer qu’il est impératif de mieux intégrer les soins oculaires dans les services de santé nationaux, y compris au niveau des soins de santé primaires, notamment dans le but de satisfaire les besoins d’un plus grand nombre de personnes par la prévention, le dépistage précoce, le traitement et la réadaptation.

« Des millions de personnes souffrent de cette maladie et ne peuvent participer pleinement à la société, car elles n’ont pas accès à des services de réadaptation. Les services de soins oculaires et la réadaptation doivent être fournis plus près des communautés pour que les individus puissent réaliser tout leur potentiel », a conclu le responsable des travaux de l’OMS sur la cécité et les troubles visuels, Alarcos Cieza.  

Rock Ngassakys

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