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Santé publique : Hier la cola qui guérit, aujourd’hui la gourmette et la bague

Lundi 19 Janvier 2015 - 10:45

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Le constat est là, d’où cette interpellation d’ordre général, à la fois en direction des autorités en charge des questions de santé publique et aussi à l’endroit de la population elle-même parfois désabusée par ces vendeurs de ces objets. À Pointe-Noire, ces derniers temps, il n’est pas rare d’observer qu’une certaine communauté, peut-être, à la quête d’un gain facile se permet de vendre à la population des gourmettes et bagues fabriquées de façon artisanale, qui, semble-t-il mettraient ceux qui les auraient achetées dans une position de sujets immunisés face à n’importe quelle pathologie. Quelle ironie !

Et pourtant les questions sanitaires, disent les spécialistes, ne devraient pas être traitées avec une certaine légèreté dangereuse par ceux qui n’en ont pas la formation et la connaissance. La santé, c’est la vie, a-t-on appris. Près de quatre ans sont écoulés, un pareil agissement était observé à Brazzaville et était en train de gagner d’autres agglomérations du pays, avec la vente d’une espèce de cola blanchâtre de près de 3 cm de diamètre, semble-t-il celle-ci avait plusieurs vertus médicinales. Cette cola, vantaient ceux qui la vendaient, pouvait soigner le paludisme, les hémorragies, l’hypo ou l’hypertension, les troubles gastronomiques, les maladies respiratoires, l’anémie, les pathologies oculaires, les troubles de fécondité, la tuberculose, bref toute une kyrielle de maladies tropicales. Quel médicament ! se demandaient certains curieux éveillés.

Or à écouter les avis de nombreux clients-acheteurs de cette soi-disant cola, ce sont plutôt les effets contraires qui se produisaient contrairement aux commentaires mensongers et abusifs de ceux qui vendaient ce médicament-objet. Cette attitude devenant dangereuse et ne pouvant plus laisser indifférents ceux qui ont en charge les questions sanitaires, celle-ci a fini par ne plus être vendue, car laisser libre cours à un tel agissement sanitaire, ce serait favoriser le risque d’une intoxication généralisée, car ce produit n’était ni testé par des laboratoires, ni agréé par la communauté scientifique voire l’OMS. Et même si cette cola pouvait être rangée du côté de la médecine traditionnelle, ce n’était pas de cette façon qu’elle serait vendue à la population. Pourquoi ces gens-là ne seraient pas allés voir les autorités sanitaires pour une autorisation en bonne et due forme après bien sûr que ce produit soit passé par une série de tests expérimentaux pour sa validité médicinale. Et lorsqu’on interrogeait les vendeurs de celle-ci, ils parlaient d’une cola venant d’Impfondo, qui avait été découverte par les populations autochtones. Au fond, simple gesticulation et astuce.

Aujourd’hui, c’est la gourmette et la bague qui arrêtent toute pathologie. Pire encore, les gens se précipitent à les acheter. Quelle imprudence ! Et la crainte est que, si les choses ne sont pas tirées au clair, on risque de vivre aussi des effets contraires. À dire vrai, et parlant du paludisme, les moyens de sa prévention, ce sont l’assainissement de l’environnement et l’usage des moustiquaires imprégnées d’insecticides. Et son traitement curatif commande la prise des médicaments pharmaceutiques qui ont été expérimentés, testés et acceptés par l’OMS et non des bagues et gourmettes « magiques ou magnétisées ». Et lorsqu’on pose la question à la personne qui porte cette gourmette et cette bague, elle répond, « on nous a dit que cette gourmette et cette bague immunisent le corps contre de nombreuses maladies, en l’occurrence le paludisme ».

La balle est donc du côté de ceux qui ont la charge de veiller à ces questions de santé publique, car il est dangereux de laisser des vrais parasites intégrer ce monde médical lorsqu’on sait que toute erreur sur l’organisme humain n’a pas d’excuse.

 

Faustin Akono

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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