Santé publique : informations sur le virus zika et les modalités de lutte

Mercredi 10 Février 2016 - 19:05

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Il ressort du récent communiqué de presse de l’OMS zone Afrique que la maladie à virus Zika est une virose qui est transmise par la piqûre d’un moustique infecté. Elle peut se propager rapidement dans des nouvelles zones où l’immunité à l’infection est faible. Depuis 2007, la propagation du  virus a été confirmée dans huit îles du Pacifique, vingt-cinq pays ainsi que des territoires des Amériques et certains pays asiatiques. Et dans la région africaine, Cabo-Verde a récemment signalé une flambée avec plus de sept mille cas d’octobre 2015 à janvier 2016.

Le principal vecteur du virus Zika, Aedes aegypti, est le même qui transmet la fièvre jaune, le chikungunya et la dengue. Au regard de la répartition du vecteur dans la région, tous les pays africains de l’OMS courent le risque de transmission du virus Zika. Il peut aussi se transmettre par le sang. Les précautions standard existant déjà pour garantir la sûreté des dons de sang et des transfusions sanguines devraient être observées.

Les formes les plus efficaces de prévention sont : i) La réduction des populations de moustiques par l’élimination de leurs sites potentiels de reproduction, et ii) le recours à des mesures de protection personnelle pour prévenir les piqûres de moustiques. Conformément aux exigences de la Surveillance intégrée des maladies et riposte (SIMR) et du Règlement sanitaire international (RSI 2005), il est recommandé aux pays de la région africaine de l’OMS de renforcer : i) la surveillance et la lutte antivectorielle, ii) la surveillance de la maladie et sa détection en laboratoire, iii) le suivi de l’apparition de complications neurologiques, et iv) la sensibilisation accrue du public.

La maladie à virus Zika se transmet par la piqûre de moustiques infectés, principalement le genre Aedes aegypti. Le virus a été découvert pour la première fois en 1947 chez les singes rhésus dans la forêt Zika en Ouganda et la maladie a été identifiée pour la première fois chez des sujets humains en 1952 en Ouganda et en République-Unie de Tanzanie. Les premières flambées épidémiques de la maladie à virus Zika ont été signalées dans le Pacifique en 2007 et 2013, respectivement à Yap et en Polynésie française. La propagation géographique du virus Zika n’a depuis lors cessé de s’étendre.

La maladie à virus Zika présente un tableau clinique similaire à ceux du chikungunya et de la dengue, bien qu’elle cause généralement une maladie plus bénigne. Parmi les symptômes de la maladie à virus Zika figurent la fièvre, les éruptions cutanées, la conjonctivite, les douleurs musculaires et articulaires, les états de malaise et céphalées. Ces symptômes se manifestent pendant deux à sept jours. Il n’existe pas de traitement spécifique contre la maladie à virus Zika, mais ses symptômes sont en général bénins. Les sujets atteints peuvent être traités par les médicaments courants contre la douleur et la fièvre, ils doivent se reposer et boire une grande quantité d’eau.

Des complications neurologiques ont été signalées en Polynésie et au Brésil, respectivement en 2014 et en 2015. Plus récemment, une augmentation du nombre de cas de microcéphalies a été signalée au Brésil depuis le mois d’octobre 2015. Bien que ces cas soient liés dans l’espace et le temps à la flambée de la maladie à virus Zika, des investigations et recherches plus poussées sont nécessaires pour mieux comprendre ce lien possible. D’autres pays où se trouvent des foyers actuels tels que la Colombie, le Salvador, le Cap-Vert et le Panama n’ont pas signalé d’augmentation des cas de microcéphalies.

Pendant de nombreuses années, en dépit de l’absence de mécanisme de surveillance systématique de la maladie à virus Zika, des cas sporadiques chez l’homme ont été détectés en Afrique. Depuis 2007,  la propagation du virus a été confirmée dans huit  îles du Pacifique, vingt-cinq pays et territoires des Amériques et certains pays asiatiques. Dans la région africaine, Cabo-Verde a signalé une flambée avec plus de sept mille cas d’octobre 2015 à janvier 2016. Toutefois, selon les données disponibles, le nombre des cas est en baisse depuis le mois de décembre 2015.

Vu la vaste distribution du vecteur, tous les pays de la région africaine courent le risque de transmission du virus Zika. Ce risque est potentiellement accru par les flambées actuelles de la maladie à virus Zika dans d’autres pays du monde.

Interventions proposées

Outre les recommandations du Comité d’urgence du règlement sanitaire international sur le virus Zika, telles qu’entérinées par le directeur général de l’OMS en déclarant que l’événement est une urgence de santé publique de portée internationale le 1er février, le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique préconise les interventions spécifiques ci-après aux États membres : Renforcer les systèmes de gestion des incidents afin de consolider leur coordination (notamment les centres d’opérations d’urgence) afin de prendre en compte l’état de préparation à la riposte à la maladie à virus Zika, à la dengue, au chikungunya et à la fièvre jaune. Impliquer activement d’autres secteurs (environnement, agriculture, tourisme, infrastructure, etc.) dans la préparation et la riposte au virus Zika et à d’autres arbovirus à travers une approche multisectorielle.

Ainsi, il faut donc renforcer les capacités de détection précoce du virus Zika à travers: la surveillance intégrée des maladies et riposte (SIMR) et le règlement sanitaire international (RSI) pour détecter l’émergence de groupes de cas; renforcer suffisamment les capacités des laboratoires, soit au niveau national, soit au niveau régional, en recourant au Réseau des laboratoires travaillant sur les agents pathogènes émergents et dangereux (EDPLN); réaliser des enquêtes entomologiques pour la surveillance du vecteur, notamment le renforcement des capacités des laboratoires d’entomologie. Sensibiliser le personnel de santé et renforcer les liens entre les services de santé publique, les praticiens privés et les communautés. Accroître la vigilance dans les pays actuellement affectés par le phénomène El Niño relativement au virus Zika, à la dengue, au chikungunya et à la fièvre jaune dans la mesure où les conditions climatiques influent sur la reproduction des moustiques. Suivre les alertes sur l’infection à virus Zika pour s’informer de tout nouveau développement et en suivre l’incidence.

Signalons que les Bureaux des pays de l’OMS devraient diffuser ces informations et les autres lignes directrices à venir aux ministères de la Santé et aux partenaires et fournir tout l’appui nécessaire aux autorités nationales pour mettre en place un système efficace et fonctionnel de préparation et de riposte au virus Zika. Infection à virus Zika et augmentation observée des troubles neurologiques et des malformations congénitales : états des lieux et recommandations provisoires, le 28 janvier 2016.

 

 

Faustin Akono

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