Santé publique : l’usage abusif des antibiotiques, une préoccupation majeure pour le Congo

Samedi 27 Mai 2017 - 16:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Selon les résultats de l’étude sur la consommation des antibiotiques au Congo, présentés le 26 mai à Brazzaville, le niveau varie d’un département à un autre et il se pose le problème d'affections non-maîtrisées

L’étude a été menée au cours du dernier trimestre 2016 dans huit des douze départements du pays par le gouvernement, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans des hôpitaux généraux, laboratoires, Centres de santé intégrés (CSI) et autres formations sanitaires privées. En effet, d’après le conseiller aux médicaments à l’OMS-Congo, le Dr Ray Mankelé, qui a présenté ces résultats, l’usage abusif et la falsification des médicaments constituent un grand fléau du XXIe siècle. La résistance aux antibiotiques est, a-t-il déclaré, une réalité au Congo et les antibiotiques aussi usuels que l’amoxicilline, l’ampicilline et autres ne sont plus résistants. Ce qui devrait être une énorme préoccupation pour les agents de santé et les décideurs.

Les résultats montrent également que les laboratoires ne sont pas équipés et ne peuvent pas poser un diagnostic de maladies infectieuses. A titre d’illustration, le Dr Ray Mankelé a parlé de Brazzaville où les diagnostics varient d’un centre à un autre. « A Brazzaville, la prévalence des germes varie d’un laboratoire à un autre. Au Laboratoire national, environ 58% d’examens bactériologiques demandés sont revenus positifs en 2016 ; au CHU, nous sommes à environ 7% qui reviennent positifs; chez Bioquik, un laboratoire d’analyse biomédicale privé, nous avons une prévalence qui avoisine celle du laboratoire national ; Cogemo rejoint pratiquement le CHU. Cela nous emmène à nous interroger sur le type de résultats qui sortent de nos laboratoires », a-t-il indiqué.

Cette étude relève aussi qu’environ 18% de la population congolaise utilisent les antibiotiques par automédication alors que 40% s’approvisionnent en médicaments de la rue.  Il a été également constaté que la prescription ne tient pas compte du schéma thérapeutique ni des indications des différents antibiotiques, et la disponibilité des antibiotiques était faible dans les formations sanitaires. « Au Congo, nous n’avons aucune disposition pour réglementer l’utilisation des antibiotiques. Nous avons recherché dans la documentation, nous n’avons trouvé aucun texte réglementaire qui codifie l’utilisation des antibiotiques. A tel point que tout est vendu librement sans répression, que ce soit dans les officines, que ce soit dans le marché, partout on peut vendre n’importe quel antibiotique y compris les plus délicats à manipuler, il n’y a aucune réglementation, aucune répression », déplore l’étude.

Elaborer un plan national de lutte contre la résistance des antimicrobiens

La présentation des résultats de cette étude est un pas de plus vers l’élaboration d’un plan de lutte contre la résistance aux antimicrobiens. « Suite à tout cela, il est urgent au Congo, de passer, conformément aux recommandations de l’OMS, à l’élaboration d’un plan national de lutte contre la résistance aux antibiotiques. Un plan qui pourrait intégrer la mise en place d’un cadre réglementaire, mais également d’un cadre institutionnel de lutte contre cette résistance aux antibiotiques. Nous en avons besoin, il faut que cela soit compris », a recommandé l’étude.

L’étude suggère également la mise en place d’un système de suivi de la consommation des antibiotiques. Le succès d’une telle action passe, a poursuivi le Dr Ray Mankelé, par l’amélioration de la prévention des infections.  

Présidant la rencontre, l’inspecteur général de la santé, le Pr Richard Bileckot, a regretté le fait que l’utilisation de plus en plus accrue et parfois irrationnelle des antibiotiques dans la lutte contre la maladie tant chez l’homme que chez l’animal entraînait le développement des résistances. Les conséquences étant, a-t-il cité, la persistance des maladies, la hausse de la mortalité, des hospitalisations prolongées et une protection affaiblie lors des interventions chirurgicales et d’autres actes médicaux. Cela entraîne aussi l’augmentation des coûts de soins. « Nombreux aussi savent que, malheureusement, nous avons une prescription dispendieuse et totalement irrationnelle pour des prétendues fièvres typhoïdes qui ne le sont pas. Toute cette prescription irrationnelle entraîne des conséquences qu'il convient de cerner », a-t-il laissé entendre.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le présidium ; une vue des participants ; crédit photo Adiac

Notification: 

Non