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« Science sans conscience …»

Samedi 22 Août 2015 - 13:26

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À trois mois du Sommet mondial sur l’environnement qui réunira à Paris les dirigeants de la planète, l’heure n’est pas vraiment à l’optimisme. Tout indique en effet, qu’en dépit des efforts déployés par le Président français, François Hollande, pour faire en sorte que cette COP 21 adopte les mesures nécessaires pour sauver la Terre des désastres climatiques annoncés, la grand-messe internationale ne débouchera sur aucun progrès réel. Pour qu’il en aille autrement, il faudrait que l’Homme prenne enfin conscience de son inclination vers l’autodestruction, vers le suicide collectif et l’on en est malheureusement fort loin.

Au cœur du problème, apparemment insoluble, auquel nous sommes confrontés se trouve le progrès technique et scientifique. Certes celui-ci permet des avancées spectaculaires dans la vie quotidienne, assure l’allongement de la durée de vie, accroit le confort des sociétés humaines sous toutes les latitudes, abolit l’espace et le temps, laisse croire que les nouvelles technologies rapprochent les peuples. Mais si l’on y réfléchit bien, il augmente aussi de jour en jour les moyens dont l’Homme dispose pour s’autodétruire comme le montrent la prolifération des armes de destruction massive, la pollution croissante générée par l’industrie sur les cinq continents, le pillage anarchique des ressources naturelles et même la montée de l’extrémisme religieux qui met les nouvelles technologies de la communication au service de l’intolérance.

Les historiens le savent mieux que quiconque, tout ceci n’a rien de bien nouveau puisque la montée de la violence dans le monde tout comme la dégradation de l’environnement sont la conséquence directe de la progression de l’esprit humain. En s’imposant peu à peu aux autres espèces animales, grâce à sa maîtrise de la pierre, puis du fer, puis du pétrole, puis de l’atome, l’homme a cru prendre le contrôle de la nature, devenir le maître de la planète qui l’avait vu naître. Ne maîtrisant rien contrairement aux apparences comme le démontre de façon accablante la dégradation de l’environnement qui résulte directement de ses prouesses technologiques, il a créé simultanément les conditions de sa propre éradication. Et s’il poursuit sur la voie où il s’est engagé, l’on peut être certain qu’il disparaîtra un jour prochain de la surface de la Terre.

Pour qu’il en aille autrement, il faudrait qu’il se pénètre dès à présent de l’idée selon laquelle seule l’émergence d’une conscience collective peut encore le sauver du désastre annoncé, qu’il reconnaisse enfin, comme l’avait prédit il y a cinq siècles François Rabelais, que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Alors, peut-être, adopterait-il les mesures qui non seulement lui permettraient de sauver l’environnement naturel qu’il s’emploie à détruire méthodiquement, mais également de lutter contre son goût tout aussi naturel pour la violence. Alors peut-être saisirait-il aussi le message sur « le phénomène humain » que des hommes lucides comme le Père Teilhard de Chardin n’ont cessé de répéter au sortir de la seconde Guerre mondiale sans jamais être entendus et que le Pape François s’efforce aujourd’hui de relayer avec force partout où il va.

Il devrait être clair dès à présent, pour  les acteurs de la pièce qui se jouera dans quelques semaines sous nos yeux à Paris, que si l’Homme ne s’interroge pas sur lui-même, sur son sinistre penchant vers le néant, la COP 21 sera un nouvel et cuisant échec avec toutes les conséquences que l’on peut, que l’on doit imaginer. 

Bien au-delà de la science, l’enjeu est désormais celui de la survie de l’humanité. Une survie que seule la conscience collective sera capable d’assurer.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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