Seize ans de la radio Top Congo : Désiré-Israël Kazadi plaide pour la liberté de la presse

Lundi 15 Juillet 2019 - 18:54

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Pour ce professionnel des médias, responsable de l’ONG de promotion et de défense de la liberté de la presse en RDC, Freedom for journalist, et juriste, la loi actuelle qui régit le secteur de la presse est liberticide. C’est donc par ce constat qu’il justifie son combat pour le vote du projet de loi qui moisit, depuis plusieurs années, dans les tiroirs du Parlement congolais.

Désiré-Israël Kazadi a été à côté de Chantal Kanyimbo, Stéphane Kitutu, Efalema et Patient Ligodi, parmi les cinq professionnels des médias qui ont animé, le samedi 13 juillet, le panel médias, à l’occasion de la célébration des seize ans de la radio Top Congo FM. C’était à Show Buzz, dans la commune de Kintambo, où les crèmes de l’ensemble du tissu socio-économique se sont donné rendez-vous pour célébrer cet évènement.

Sous la modération du promoteur et directeur de cette radio, Christian Lusakueno, les panelistes devraient répondre sur des questions liés aux médias et à la liberté de la presse en RDC. A la question sur l’actuelle loi sur la liberté de la presse, Désiré-Israël Kazadi a, pour sa part, noté que la norme renferme des faiblesses congénitales qui tirent le journaliste et les médias vers un réel suicide, bien présent avec l’emprisonnement à la clé. Ce professionnel des médias et responsable d’une organisation de promotion et de défense de la liberté de la presse parmi les plus actives en RDC a notamment fait référence au code pénal pour la qualification de l’infraction commise par voie de presse et la responsabilité de l’auteur. Ici, le directeur de Freedom for journalist (FFJ) a fait appel à ses connaissances non seulement de journaliste de formation et ayant exercé pendant un long moment mais aussi de juriste.

Une loi liberticide

L’orateur a parlé en profondeur de la loi du 22 juin 1996 sur la liberté de la presse avant d’en dégager les atouts ainsi que les faiblesses. Pour Désiré-Israël Kazadi la règlementation renferme le journaliste dans une tour d’ivoire qu’au moindre pépin, le juge peut l’envoyer en prison, pour avoir dit une chose même si cela est une vérité. « De lege lata, le journaliste est prisonnier en sursis alors que la norme légale qui gouverne son métier aurait dû le protéger », a-t-il déploré.

Faisant recours au droit comparé français et congolais, ce juriste a démontré qu’en droit français, il y a délit civil et délit pénal. Le premier, a-t-il expliqué, en cas de fait avéré contre le journaliste, peut donner lieu au payement des dommages-intérêts tandis que le second peut ouvrir, à l’extrême, les portes de la prison, si le journaliste est reconnu coupable de diffamation. « Mais en droit congolais, le délit, au nom du monisme infractionnel, est logé à la même enseigne que l’infraction et le crime », a-t-il regretté. A l’en croire, le délit sous-entend déjà une infraction en droit interne. Et que la diffamation, définie comme propos précis qui, vrais ou faux, porte atteinte à l’honneur d’autrui, met le journaliste dans un dilemme cornélien. Donner ou pas l’information ?

A cette question, Désiré-Israël Kazadi a répondu par l’affirmative, expliquant au passage que le juge devra, ici, prouvé que le journaliste avait l’intention de nuire. C’est, a-t-il affirmé, ce qu’on appelle, animus nocendi : l’intention de nuire. « A côté de l’élément moral ; il y a l’élément matériel et l’élément légal au nom du principe général du droit Nulla poena sinelege, à savoir la légalité de la peine », a-t-il précisé.

Pour l’orateur, l’actuelle loi ayant été truffée des germes liberticides est appelée à disparaitre au profit d’une loi en phase avec les principes démocratiques. « De lege feranda, la loi à établir sur la liberté de la presse devrait promouvoir la démocratie fondée sur la liberté et l’indépendance du journaliste et des médias », a-t-il fait savoir.

Sur ce thème se rapportant à la presse, tous les orateurs intervenant dans ce panel ont noté que les efforts restent à faire pour déboucher sur la naissance des médias libres et indépendants tout en reconnaissant que ces instruments restent en otage de leurs propriétaires, pour la plupart des politiciens. Ceux-ci ont esquissé les rapports entre les instances de la profession, dont l’Union nationale de presse du Congo et l’Observatoire des médias congolais puis l’instance de régulation, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication dont la déléguée, Chantal Kanyimbo, a expliqué l’apport dans le contexte de la démocratisation.

Avant ce panel sur les médias, c’était le tour des banquiers et autres économistes de montrer, lors de leur intervention, qu’il suffit de la volonté pour que le Congo décolle. Ils ont, dans la foulée, proposé l’assainissement du milieu des affaires qui passe par des mesures d’allégement. Ceux-ci avaient estimé que le frein au développement de la RDC était son régime fiscal moins incitatif et l’environnement qui n’incite nullement à l’investissement. Mais ils ont rassuré que rien n’était encore perdu et que le Congo avait tous les atouts pour se rattraper.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Les panélistes lors de leur intervention

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