Service public : la faible qualité de l’investissement agit sur des domaines vitaux de la santé

Samedi 7 Juillet 2018 - 18:16

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Certains effets directs recensés sont une augmentation du poids des maladies et du coût des soins de santé dans les pays concernés. L’on estime les pertes annuelles engendrées par cette contreperformance à des milliers de milliards de dollars américains.

Très attendu, le nouveau rapport conjoint de l'Organisation de coopération et de développement économiques, de l’Organisation mondiale de la santé et du Groupe de la Banque mondiale dresse un constat inquiétant : les services de santé de faible qualité contribuent à freiner l’amélioration de la prise en charge médicale dans un pays, quel qu’en soit le niveau de revenu.

Pire, des chiffres viennent étayer le tableau sombre du secteur de la santé, particulièrement en Afrique. En effet, il est difficile de passer sous silence le fait que les professionnels de santé de sept pays africains à revenu faible et intermédiaires n’ont pas été capables de poser un diagnostic correct dans un tiers à trois quarts des cas, informe le rapport conjoint des trois organisations. Le texte révèle également que seulement 28 % des soins prénatals, 26 % des services de planning familial et 2 % des services pédiatriques sont efficaces dans les pays concernés. Enfin, il mentionne que 15 % des dépenses hospitalières des pays à revenu élevé sont liées à des erreurs de traitement ou à des maladies nosocomiales.    

Si le document reconnaît que les erreurs médicamenteuses ou de diagnostic ainsi que les mauvaises pratiques cliniques ou l’absence de formation ainsi que de compétences représentent un véritable fléau dans le monde, il insiste aussi sur le fait que la situation tend à s’empirer dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans ces pays, au moins 10 % des patients hospitalisés risquent de développer une infection pendant leur séjour, contre 7 % dans les pays à revenu élevé. « Ces infections pourraient facilement être évitées grâce à une meilleure hygiène et un usage approprié des antimicrobiens », indique le texte. Par ailleurs, poursuit-il, un patient sur dix est victime de complications pendant son traitement médical dans les pays à revenu élevé. Il conclut enfin que les maladies associées à des soins de santé de mauvaise qualité font peser des dépenses supplémentaires sur les familles et les systèmes de santé.

Entre-temps, les pertes enregistrées sont énormes. Des milliers de milliards de dollars américains sont perdus chaque année à cause des soins de faible qualité. Sur le terrain, cela se traduit par une incapacité prolongée, une déficience et une perte de productivité, etc. Mais il y a tout de même certaines améliorations, notamment le taux de survie au cancer et aux maladies cardiovasculaires.

En définitive, tous les pays à travers le monde doivent prendre à cœur l’ampleur du défi à relever. « Aucun pays ne peut se permettre d’offrir des services de santé publique de faible qualité et dangereux pour la santé, laquelle est au cœur même du capital humain », pense le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Young Kim. Cette contreperformance du secteur hospitalier frappe surtout les couches vulnérables, principalement les pauvres. « Ce qui est économiquement intolérable pour les familles comme pour les pays », rappelle la Banque mondiale.

D’où son appel à une augmentation significative de l’investissement dans la qualité pour renforcer la confiance dans les services publics et améliorer le taux d’accès aux soins de santé. Enfin, les trois organisations appellent conjointement les dirigeants tant en Afrique que dans le monde à mettre un accent particulier sur la qualité de la couverture santé et l’expérience des patients.         

Laurent Essolomwa

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