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Simon Blaise Tchicaya et ses étudiants

Samedi 25 Octobre 2014 - 11:45

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Le 21 octobre, sa famille, ses amis, ses collègues de l'Université Marien Ngouabi qui l'employait, les étudiants, anciens et nouveaux, ayant bénéficié de ses enseignements, rendaient un dernier hommage à Simon Blaise Tchicaya. Le chef du département des Sciences et techniques de la communication (STC), de la Faculté des lettres et des sciences humaines, était décédé quelques jours auparavant. Conduit à sa dernière demeure, au cimétière du centre-ville de Brazzaville, " Ya Tchic", 65 ans, venait de remplir son contrat sur cette terre des hommes.

C’est une coutume bien de chez nous : là où l’on veille un proche disparu est aussi le lieu des retrouvailles. C’était le cas pour les anciens étudiants de STC, pour certains sortis de Marien Ngouabi il y a bientôt vingt ans. Rassemblés au sein de leurs associations, « Union sacrée médias et communication », et « Amicale STC », ils renvoyaient en quelque sorte l’ascenseur à « Monsieur Tchicaya », comme ils l’appelaient, pour ce qu’ils lui devaient de les avoir formés : une collecte de fonds, puis l’achat d’une couronne de fleurs, avant de l’accompagner au cimetière. En fin de séance, pour se dire au revoir, ils s’étaient donné rendez-vous dans un petit restaurant du Plateau des 15 ans à Moungali.

Sur place, évidemment, libations et mets étaient servis. Dans un brouhaha qui avait pu troubler la quiétude d’autres clients non concernés par ces convivialités, les anciens de STC s’embrassaient, se tournaient en dérision, mangeaient et buvaient. L’occasion était donnée de rappeler à leur souvenir les noms de leurs enseignants à la fac : Guy Noël Sam, Pierre Dombo, Jean Claude Gakosso, Ya Bal, Atondi Lecas Monmondjo, Pierre Mbelo, Léon Mbemba, Pierre Mberi,  Ludovic Miyouna, tout naturellement celui qui venait de s’en aller, et les autres encore, qui ne sont plus d’ici bas. Quelle qu’avait été la note d’appréciation attribuée à chacun d’eux, leurs anciens étudiants reconnaissaient unanimement qu’ils avaient beaucoup donné pour faire d’eux ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.

Les choses allaient leur cours gaîment que certains s’improvisaient chanteurs. Et la chorale avait pris, notamment sur les chansons de l’époque où ils étaient, pour la plupart d’entre eux, des jeunots à l’école primaire ou au collège. Les chansons engagées, disait-on à l’époque : en chœur ils s’étaient mis à chanter « Congo populaire sango na yo mokili mobimba …», cet hymne à la gloire du Congo qui ouvrait le journal parlé sur la Voix de la Révolution congolaise. Et aussi l’hymne du Mouvement national des pionniers : « Lève ta tête, dans cette lutte, ô fier et jeune pionnier ; et sous le drapeau, brandis le flambeau de tes trois glorieuses journées ; d’une vive voix, réunis autour de toi les enfants du pays. Refrain : Jeunes donnez vos mains, ne remettez pas à demain, nous n’avons qu’un seul chemin, celui de notre avenir. Pionniers nous servirons, pionniers nous veillerons, pionniers nous bâtirons, notre cher beau pays…». Puis d’autres chansons encore.

Disons que c'étaient des retrouvailles pour le partage. Elles réunissaient les gens de partout, portés par la seule volonté de perpétuer leur amitié, de démeurer solidaires les uns des autres sans a priori. En se remémorant cet hymne de la jeunesse qu'ils chantaient naguère en classe ou en colonies de vacances, ils réalisaient combien cette communion contribuait à former le citoyen de demain. Ils le sont devenus, bien sûr, et se demandaient en même temps si l'on trouvait de nos jours, dans nos établissements scolaires, quelque chose de "communautarisant" au profit de la jeunesse considérée, à juste titre, comme l'avenir d'un pays, de notre pays.
 

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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