Slam : Espérance Miland fait claquer les mots

Vendredi 4 Décembre 2020 - 12:38

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Espérance Miland est la figure emblématique du slam féminin à Pointe-Noire et anime l’atelier « Femmes à l’oral ». Elle fait claquer les mots, loin d’être des paroles en l’air.

Née de parents ministres religieux, Esperance a grandi comme elle pouvait, dans une maison  sans distraction, dans une vie sans loisirs. Pas même un poste de télévision dans le salon. Espérance a une âme solitaire, un caractère réservé, voire timide. Alors elle plonge. Plonge à pieds joints et yeux grands ouverts dans les livres. Pas un seul jour sans qu’elle ne lise, seule dans sa chambre.  Lire autant la force irrésistiblement à écrire, Espérance a neuf ans, un cahier à spirale, un crayon à encre bleue et un premier poème maladroit qui coule de cette encre là, celle de l’enfance qui se cherche dans les mots.  Puis un second poème, celui-là plus affûté. Plus tard d’autres mots, sans cesse au fil du temps, tombent en avalanche...

Espérance lit encore chaque jour aujourd’hui des auteurs français comme Maxime Chattam ou américain comme Mary Higgins Clark ou bien encore congolais comme Avenir Blaise Diabankana, peu lui importe en vérité, pourvu qu’elle lise. Et si elle a trouvé à son âge adulte d’autres loisirs comme la cuisine, la photographie ou l’infographie, son attrait pour les poèmes, à l’époque de sa petite enfance, a pris la forme moderne de la poésie, celle qui allie écriture, oralité et expression scénique, autrement dit le slam.  Slam, ce mot anglais que l’on pourrait traduire littéralement par « Claquer », un slam qu’elle claque de façon engagée le plus souvent pour encourager la femme à s’émanciper. 

Le mouvement slam est né bien avant Espérance, à la fin des années 80, dans un club de Jazz d’un quartier défavorisé de Chicago sous l’inspiration du poète américain Marc Smith, pour rendre la poésie moins ennuyeuse, moins élitiste. Et si en France, Grand Corps Malade aura contribué à le populariser, en République du Congo, Mariusca Moukengué en est assurément aujourd’hui le porte-drapeau. Espérance Miland aura fait, quant à elle, ses premières armes en 2016 à l’Institut français de Pointe-Noire dans l’atelier Slam de Gilles Douta avant de rejoindre l’association Styl’Oblique, remportant aussi fièrement que rapidement ses premiers  concours.

Dans ses temps libres, la slameuse ponténégrine aime à se bercer de poésie urbaine, celle de la Camerounaise Dolly Sorel Nwafo, connue sous le nom de Lydol, ou celle du Sénégalais Al Fàruk.  Tandis qu’elle se forme pour devenir infographe et technicienne du son, Espérance Miland anime en parallèle «  Femmes à l’oral », un atelier qu’elle a créé pour inciter les femmes à se saisir de la parole à travers le slam pour affirmer leur place dans la société congolaise. Et s’il fallait trouver une place dans l’univers du slam féminin de Ponton La Belle, soyez convaincus qu’Espérance Miland en occupe la première.

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Espérance Miland

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