Sondage Les Points : l’an deux du gouvernement Matata jugé positif

Jeudi 8 Mai 2014 - 18:45

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Le taux de change est resté stable depuis deux ans et certains phénomènes, tel que le délestage, s’éloignent peu à peu du vocabulaire kinois pour céder la place aux débats du genre « Bandal, c’est Paris ou Lemba, c’est Paris ».

09 mai 2012- 09 mai 2014. À quelques heures du gong de deux ans d’entrée aux affaires du gouvernement Matata Ponyo, l’institut de sondage Les Points a publié le rapport d’une enquête sur le bilan de l’exécutif national. À l’issue de l’enquête par sondage réalisée du 5 au 6 mai, couplée avec la courbe d’évolution des cotes sur l’action du Premier ministre, il se dégage une cote moyenne de 61% d’opinions favorables à Matata Ponyo pour l’ensemble des réalisations enregistrées depuis mai 2012.

Après une difficile entrée en matière, la rigueur du chef du gouvernement semble avoir convaincu plus d’un Congolais. On lui reconnaît la stabilité macroéconomique dont les effets sont de plus en plus perceptibles sur le quotidien de la population, le succès diplomatique qui a permis au pays de redorer son image de marque, la montée en puissance de l’armée congolaise, la fin du phénomène Kuluna dans la capitale, le retour des transports publics, la réussite de la bancarisation et le bon encadrement de la révolution de la modernité. Même si le panier de la ménagère tarde encore à trouver sa garniture d’autrefois, il se dégage à l’unanimité sur les efforts du gouvernement la stabilité des prix sur le marché.

Les points précise que le taux de change est resté inchangé depuis deux ans et certains phénomènes, tel que le délestage, s’éloignent peu à peu du vocabulaire kinois pour céder la place à d’autres débats : « Bandal, c’est Paris ou Lemba, c’est Paris ». Pour cette catégorie d’enquêtés, le bilan de l’an deux du gouvernement Matata Ponyo est incontestablement positif. Pour elle, la construction des écoles et l’ouverture officielle de l’hôpital du Cinquantenaire sont des faits supplémentaires de l’action positive du gouvernement Matata.  

Par contre, 22% de la population trouvent que ce bilan est très mitigé et 10% le jugent largement négatif. Pour cette catégorie d’enquêtés, plusieurs problèmes enregistrés depuis mai 2012 apportent la preuve de l’échec de l’équipe Matata. Il s’agit, note-t-elle, du dernier naufrage sur le lac Kivu pour lequel la réaction du gouvernement a été moindre et tardive, des incidents de Kikwit, de l’accident du train au Katanga et surtout des expulsions des Congolais de Brazzaville sans oublier le vide criant sur l’accès de la population aux besoins vitaux. Chacun de ces faits apporterait la preuve de l’incapacité du gouvernement à gérer le pays.  

Dans le top 10 des ministres ayant marqué l’action du gouvernement pendant les deux ans figure en première position Raymond Tshibanda qui se maintient malgré la situation de crise diplomatique qui a surpris la RDC suite à l’expulsion massive des Congolais résidant au Congo Brazzaville. Il totalise une moyenne de cote de  62% de bilan positif sur les deux ans. Pas aisé d’occuper le siège du ministre de l’Intérieur dans un pays en plein conflit armé. Le ministre de l’Intérieur, Décentralisation et Affaires coutumières, Richard Muyej, en paie les frais. Crédité de 58% d’opinions favorables, il fait face à la petite et grande criminalité, conflit de pouvoir coutumier, une décentralisation mal comprise et contestée. Les enquêtés lui reconnaissent d’avoir relevé avec tact le défi sécuritaire de tous les grands rendez-vous nationaux et internationaux.  Pour les Kinois, il partage le succès de l’opération ayant permis à la capitale d’être débarrassée des jeunes délinquants surnommés Kuluna. Il se pointe depuis plus de trois mois à la deuxième marche du gouvernement.

Le ministre des Médias, Lambert Mende Omalanga (56%), jouit d’une forte montée en puissance. Il est resté inégalable dans la défense de la position du gouvernement en toute circonstance. Pour le besoin de la cause, il s’est défait de son costume de bureau pour enfiler un habillement adapté au terrain à l’écoute de la jeunesse dans les quartiers les plus reculés de Kinshasa. Considéré comme le meilleur porte-parole du gouvernement, Lambert Mende n’a cependant pas été un excellent ministre des Médias. Le secteur demeure pauvre, désorganisé et la fameuse aide du gouvernement promise n’a jamais été effective. De même, ajoute les enquêtés, le processus de la mutation de l’analogie vers le numérique bat de l’aile.

Au coude à coude avec le ministre des Médias, Fridolin Kasweshi Musoka (56%), se dispute la troisième place du top 10. les Kinois lui reconnaissent l’effort fourni pour la construction des routes dans la quasi-totalité des communes de la capitale mais exigent plus de qualité. En outre, de la campagne de lavage des mains sales à l’opération des soins gratuits dans l’Est de la capitale qui a renforcé l’estime du chef de l’État dans ce coin de la ville dit le plus dur,  le ministre de la Santé publique, Félix Kabange Numbi (55%),  présente un bilan au dessus de la moyenne. Durant tout son mandat, toutes les campagnes de vaccination organisées ont été totalement réussies, des épidémies de choléras combattues et réussies. Il jouit également d’une opinion favorable grâce au contrôle initié dans le secteur des dépôts pharmaceutiques ou régnait l’anarchie.

Quant à Maker Mwangu Famba (54%), ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel depuis 2006, il n’a plus rien à prouver. Des résultats des examens d’État en temps record, à la construction de plus de cent écoles à travers tout le pays, que des grandes réalisations inscrites à son actif. Il est suivi de Patrice Kitebi Kibol Nvul (54%). L’actuel ministre des Finances est un homme de contact dont l’objectif est de convaincre les institutions financières internationales à reprendre leur coopération avec la RD-Congo. Il est également réputé homme d’une gestion rigoureuse des finances publiques, respectant à la lettre des instructions du Premier ministre.

Journaliste de formation, la ministre du Genre et de la Famille, Geneviève Inagosi (53%),  n’a eu besoin que d’un peu de temps pour s’acclimater et donner le meilleur d’elle-même. À son actif, plusieurs lois votées et d’autres sous examen au Parlement pour plus de protection de l’enfant, de la femme et de la famille de manière générale. Elle a marqué positivement la célébration de la journée du 08 mars 2014 par des réflexions et autres colloques en lieu et place des célébrations folkloriques d’autrefois. Elle est la seule femme ministre du gouvernement Matata à avoir franchi la barre de 50%, alors que ses collègues peinent à aller au-delà de 20%.  

Bousculé par les nombreux accidents qui clôturent les deux ans de Matata a la primature, le ministre des Transports, Justin Kalumba Mwana Ngongo (52%), sauve son bilan suite à des actions à impact visibles dans la ville notamment les bus Transco qui desservent les routes de Kinshasa, il fait partie des rares ministres à avoir fournit des efforts considérables pour produire un travail de qualité dans un pays ou le transport est un calvaire. Il crée ainsi la surprise aux yeux des Kinois habitués aux transports déshonorants depuis la disparition des Sotraz, OTCZ et autres. Outre le transport en commun Transco, la population a accueilli chaleureusement l’idée des crédits automobiles  octroyés aux transporteurs privés.

Enfin, le vice-Premier ministre et ministre en charge du Budget, Daniel Mukoko Samba (51%), est le rare des ministres du cabinet Matata à avoir réalisé plusieurs actions mais qui passe presqu’inaperçue dans l’opinion, du point de vue performance. À son actif, on note notamment la bancarisation de la paie de fonctionnaires de l’État réussie à plus de 60%, la lutte contre le coulage des recettes publiques, l’augmentation du budget pour l’exercice en cours, l’encadrement des dépenses et des recettes publiques. Cependant, le vice-Premier ministre en charge du Budget a eu beaucoup de mal à réussir la dédollarisation de l’économie nationale. 

Jeannot Kayuba

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Matata Ponyo Photo 2: Top 10 des ministres Photo 3: Cotes des membres du gouvernement Matata