Soudan du Sud : le gouvernement veut prolonger de trois ans le mandat du président Salva Kiir

Mercredi 4 Juillet 2018 - 12:15

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Un projet de loi prolongeant le mandat des autorités de transition, dont celui de l’actuel chef de l’Etat, a été présenté au parlement, a annoncé un député, au moment où dirigeants et rebelles sont engagés dans des pourparlers de paix.

D’après le leader de l’opposition au parlement, Gabriel Roricjur, une première mouture du texte a été adoptée le 3 juillet par les députés sud-soudanais. « Le document doit être examiné par une commission puis revenir au parlement en seconde lecture d’ici à trente jours », a-t-il précisé.

Depuis la signature d’un accord de paix en 2015, le Soudan du Sud est dirigé par des autorités de transition, aussi bien au niveau de l’exécutif que du législatif. Selon les termes de cet accord, leur mandat expire en août. Le leader de l’opposition ne voit pas dans la prolongation du mandat des autorités de transition un quelconque obstacle comme certains peuvent le croire. « Nous pensons que la procédure est légale et que le gouvernement devrait avoir un nouveau mandat jusqu’à ce qu’un (nouvel) accord (de paix) soit signé », a-t-il déclaré, soulignant que cela est « nécessaire pour éviter un vide institutionnel ».

A Juba, les interprétations divergent sur ces amendements déposés par le ministre de la Justice. Un député qui a requis l’anonymat pense que ces amendements montrent que le gouvernement et le chef de l’Etat, Salva Kiir, « ne sont pas prêts à signer un accord de paix avec les rebelles ». Le professeur de sciences politiques à l’université de la capitale sud-soudanaise, James Okuk, y voit plutôt un moyen de pression du gouvernement sur les rebelles. « C’est un signal envoyé à l’opposition qui dit en substance : si vous n’accélérez pas dans la recherche d’un compromis en vue d’un accord de paix, nous irons de l’avant », a-t-il relevé.

Dans le but de ramener la paix au Soudan du Sud, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, organisation est-africaine) qui avait relancé les discussions entre les deux principaux protagonistes de la guerre civile, le président Kiir et son ancien vice-président, Riek Machar, espère que les principaux rivaux vont signer un nouvel accord de paix global en attendant l’organisation d’élections.

Les deux hommes ont convenu, le 27 juin dernier, à Khartoum (Soudan), d’un accord qui relance les espoirs de paix dans leur pays ravagé par une guerre fratricide et sanglante. Fort malheureusement, rien ne semble avancer sur place puisque les partisans de Riek Machar ont accusé, la semaine dernière, les troupes gouvernementales d’avoir attaqué une de leurs positions alors qu’aucun des deux camps n’a pour le moment annoncé son retrait des pourparlers en cours.

Le gouvernement de transition devrait préparer les élections

En vue de mettre en application l’accord, il est prévu le déploiement des forces de l’Union africaine et de l’Igad pour superviser le cessez-le-feu. Le texte prévient qu’une entente doit être trouvée « en vue du désarmement des civils à travers le pays ». « Les arrangements de sécurité qui doivent être adoptés viseront la mise sur pied d’une armée nationale, d’une police et d’autres organes de sécurité (...) qui seront loin de toute affiliation tribale ou ethnique », note le document.

En outre, la Déclaration de Khartoum indique qu’un gouvernement de transition doit être formé dans cent vingt jours et sera appelé à gérer le pays pendant une période de trente-six mois. « Pendant la période de transition, le pays devra préparer des élections nationales », selon ce texte qui précise qu’il a été convenu que « les élections doivent être libres et ouvertes à tous les partis politiques ». L’accord de Khartoum n’est pas le premier du genre depuis le déclenchement du conflit en 2013. De précédents autres ont volé en éclat, comme en 2016, l’année où Riek Machar avait fui son pays.

Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011 mais deux ans seulement après, le pays s’est enfoncé dans une guerre civile quand l’actuel président accusa son ancien vice-président de fomenter un coup d’Etat. Les Nations unies estiment que les combats qui se poursuivent entre les deux camps ont fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et forcé des centaines de milliers de personnes à se réfugier au Soudan.

Avant la rencontre de Khartoum, les protagonistes sud-soudanais s’étaient d’abord réunis dans la capitale éthiopienne au cours d’un sommet qui s’était achevé sans percée, malgré le fait que plusieurs responsables du continent les avaient sommés de trouver un terrain d’entente.

Entamés le 25 juin par les deux protagonistes, les pourparlers de paix sur le Soudan du Sud se poursuivront puisqu’il est prévu deux rounds de négociations : le premier à Nairobi (Kenya) et le second à Addis-Abeba.

 

 

Nestor N'Gampoula

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