Soudan : l’ONU a renouvelé le mandat de sa mission au Darfour pour un an

Jeudi 30 Juin 2016 - 17:15

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Le Conseil de sécurité de l’ONU a reconduit mercredi, pour un an, le mandat de la Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour (Minuad). Une extension contestée depuis longtemps par les autorités soudanaises qui ont maintes fois demandé à l' institution onusienne de mettre fin à cette force internationale qu’elles jugent inefficace.

Avant la reconduction du mandat de la Minuad, les pays proches de Khartoum comme l’Egypte ou la Russie ont parlé de la nécessité d’envisager le retrait de cette force onusienne en se félicitant « des progrès sécuritaires au Darfour » consentis grâce à cette mission. Les pays occidentaux ont, pour leur part, rappelé « le bilan humanitaire désastreux des autorités de Khartoum ». Et s’appuyant sur les rapports de l’ONU indiquant que les combats dans la région centrale de Jebel Marra avait fait 80. 000 déplacés depuis le mois de janvier dernier – un chiffre qui vient s’ajouter aux 2,6 millions de Soudanais déplacés depuis le début du conflit -, les Occidentaux ont insisté sur la nécessité du renouvellement de la Minuad.

Malgré la divergence de ces points de vue, le Conseil de sécurité a reconduit pour un, et à l’unanimité, le mandat de sa mission au Darfour. La priorité de celle-ci reste la même : la protection des civils, l' accès à l’aide humanitaire et la sécurité du personnel humanitaire.

En ce qui concerne l’incapacité de la Minuad à assurer la protection des civils, l’ONU a rejeté la faute sur le gouvernement soudanais qui « empêche les Casques bleus d’accéder aux zones de conflits » comme à Jebel Marra et qui retient toujours 300 containers de rations pour les Casques bleus.

Pour le coordinateur de l’Union des ONG arabes pour le Darfour, Khaled Ammar Hassan, la Minuad est utile et a encore un rôle à jouer malgré le fait qu’elle soit critiquée. « Pour nous, cette force était complètement impuissante et n’a pas pu réaliser la stabilité et la paix au Darfour, ni à protéger les civils touchés par la guerre, surtout les réfugiés et leurs camps. Je parle surtout de la période récente », a-t-il déclaré. Et Khaled Ammar de poursuivre : « En même temps, nous pensons que la présence de cette force est importante. Il faut que le monde sache que le gouvernement soudanais applique un blackout total sur ce qui se passe au Darfour. Cette force nous garantit, au moins, la présence d’un observateur international indépendant là-bas. Il pourra décrire la situation telle qu’elle est et non pas selon les dires du gouvernement. »

Chargée de lutter contre les violences au Darfour, la Minuad qui a été lancée en 2007 a assuré que malgré le recul des affrontements entre les troupes gouvernementales et les rebelles ces derniers mois, la situation générale dans cette partie du pays demeure préoccupante. Or, depuis l’organisation en avril d’un référendum - contesté et boycotté par l’opposition- sur le statut administratif de la province, le régime fait croire que le conflit est terminé. Khartoum qui a augmenté ces pressions sur le retrait de quelque 20.000 soldats et policiers déployés au Darfour assure ouvertement de son côté que cette région ravagée par la guerre est désormais pacifiée.

Depuis le début des combats en 2003 entre l’armée régulière et les groupes armés du Darfour, issus de minorités ethniques qui dénonçaient la marginalisation politique et économique de leur région par le régime du président soudanais, Omar el-Béchir, ce conflit dévastateur a fait 300.000 morts et quelque 2,5 millions de déplacés selon l’ONU.

 

Nestor N'Gampoula

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