Sous-alimentation : la faim poursuit sa progression en Afrique

Jeudi 14 Février 2019 - 14:15

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Un rapport de l’ONU, rendu public le 13 février, note que davantage d’Africains continuent d'être confrontés à l'insécurité alimentaire plus qu’ailleurs dans le monde et que 20% de la population africaine était sous-alimentée en 2017.

Intitulé "Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique", le texte souligne que la faim ne cesse d’augmenter dans la région après plusieurs années de déclin, hypothéquant les efforts d’éradication déployés pour atteindre les objectifs de Malabo 2025 et le Programme de développement durable 2030, en particulier l’Objectif de développement durable 2 (ODD 2).

Le document, qui a été présenté le même jour lors d’une réunion présidée par la directrice générale adjointe de la FAO pour le climat et les ressources naturelles, Maria Helena Semedo, indique que deux cent trente-sept millions de personnes en Afrique subsaharienne souffrent de sous-nutrition chronique, entravant ainsi les progrès réalisés ces dernières années.

Dans leur préface conjointe du rapport, Abebe Haile-Gabriel et Vera Songwe, respectivement sous-directrice générale de la FAO pour l’Afrique et secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), ont évoqué les causes de cette situation déplorable dans certains pays africains.

« L’aggravation de la tendance en Afrique est due à la fois à la crise économique mondiale et à la dégradation des conditions environnementales alors que de nombreux pays souffrent de la variabilité climatique ou de conditions climatiques extrêmes ou encore des deux à la fois », ont-ils relevé. « Le ralentissement de la croissance économique en 2016, du fait de la faiblesse des prix des produits de base, en particulier le pétrole et les minéraux, n’a pas arrangé les choses. L’insécurité alimentaire s’est aggravée dans les pays touchés par des conflits souvent accompagnés de sécheresses ou d’inondations. En Afrique australe et orientale, de nombreux pays ont souffert de la sécheresse », ont ajouté les auteurs de l’étude.

Selon le rapport qui a été élaboré conjointement par le Bureau régional de la FAO pour l’Afrique et la CEA, sur les deux cent cinquante-sept millions de personnes qui souffrent de la faim en Afrique, deux cent trente-sept millions vivent en Afrique subsaharienne et vingt millions en Afrique du nord. Et par rapport à 2015, on compte 34,5 millions de personnes sous-alimentées de plus en Afrique, dont 32,6 millions en Afrique subsaharienne et 1,9 million en Afrique du nord, précise-t-on.

La faim qui sévit en Afrique pousse certaines personnes à manger des aliments contaminés qui constituent un réel problème sanitaire et socio-économique, occasionnant la mort de quatre cent vingt mille personnes chaque année à travers le monde. La consommation d’aliments contaminés est la cause de plus de deux cents maladies, allant des affections diarrhéiques, qui tuent le plus, au cancer, prévient l’Organisation mondiale de la santé.

Mais l’enjeu est également socio-économique car, les maladies d’origine alimentaire sollicitent « lourdement les systèmes de soins de santé » et portent « préjudice aux économies nationales, au tourisme et au commerce », poursuit-elle.

La FAO estime que 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année alors que huit cent quinze millions de personnes sont sous-alimentées. S’agissant de l’impact financier découlant des maladies d’origine alimentaire, l’organisation relève qu’il est de quatre-vingt-quinze milliards de dollars (83,5 milliards d’euros) par an dans les économies à revenus bas ou moyens.

Nestor N'Gampoula

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