Sportissimo. Léopold Foundoux Mulélé se souvient du mwana foot

Vendredi 28 Septembre 2018 - 19:51

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La nouvelle résidence de Léopold Foundoux Mulelé, nichée au rond-point de Moungali, le quatrième arrondissement de Brazzaville, sert dorénavant de siège à l’Union nationale des footballeurs internationaux du Congo, dont il est le président, et de musée du football congolais. L’exposition des photos retraçant l’histoire du football et de grands clubs du pays, à travers la légende de ses gloires nationales, frappe la curiosité de toute personne qui y accède. La conservation et l’archivage d’un bon nombre de journaux et ouvrages publiés sur le football national, d’Afrique et du monde sont à la portée de toute personne intéressée par ce sport dit roi. De l’histoire de l’équipe nationale congolaise au départ les Lions, en passant par les Brésiliens de l’UAM, Congo sport puis Diables rouges, Léopold Foundoux Mulélé projette d’éditer son livre évocateur des souvenirs de mémoire "Congo football ou les 50 ans des joueurs emblématiques du XXe siècle". Considérant que le football en République du Congo est sous terre, il l’exhume par l’évocation du foot pelote ou ‘’mwana foot’’ qui a offert au pays les meilleurs joueurs de 1963 à 2002. Depuis lors, la fédération est demeurée dans l’incapacité de décerner la palme de meilleurs à ceux qui s’étaient distingués aux différentes compétitions nationales.

Un extrait du manuscrit

Dans "Congo football ou les 50 ans des joueurs emblématiques du XXe siècle", Léopold Foundoux Mulélé raconte : « Dans les années 1950 et 1960, nous étions, pour la plupart, des jeunes footballeurs âgés d’une dizaine d’années. Nous n’avions ni matériels didactiques ni équipements sportifs adéquats, ni infrastructures sportives viables ni vidéos, ni télévision, ni  films ni entraîneurs et ni directeurs techniques qualifiés. Nous connaissions les clubs et les grands joueurs du monde en parcourant avec plaisir les rares journaux sportifs narrant leurs exploits à l’époque. Le plus âgé d’entre nous, le grand frère, faisait office d’entraîneur. Il ne nous enfermait pas dans des consignes. Il nous laissait nous exprimer librement. Assurément, le mwana foot, ou football de rue, fut une grande école dans les quartiers populaires de Poto-Poto et Bacongo, à Brazzaville. Ce football avait toujours fait partie de notre enfance. La plupart des grands joueurs y venaient. Je dois bien reconnaître aujourd’hui que le football de rue a façonné notre comportement dans la vie. Notre état d’esprit de l’époque était irréprochable. Notre engouement pour le ballon rond entraîna la naissance de plusieurs équipes. Les  principales  portaient les noms : Aigle-Azur, Air-Mail, Barcelone, Brésil, Caïman, CDF,  Daring, Etudiant de la boule ronde, Fantasia, Fantomas, Faucon, Fiorentina, Florex, Harlem, Lens, Lille, Louvain, Macumba, Monaco, Nice, Ouragan, Oiseau du ciel, Oryx de Mossaka, etc. Le foot-pelote était très populaire. Les rencontres, âprement disputées, se déroulaient le dimanche matin, après la messe de 8 h. Elles donnaient lieu à de sérieuses "batailles" à la mesure de cette rivalité entre les équipes et même entre les quartiers. Nous avions joué partout sur des terrains vagues, boueux, sablonneux, dans les rues, dans les cours d’école, devant les églises, à proximité des cimetières. Une foule enthousiaste prenait d’assaut les stades de fortune : Sans-fil, dix maisons, Jane–Vialle, Montagne d’Italie, Yougos, Ecoles Saint-Vincent A et B, Grande école de  Poto-Poto, Petite école de Mfoa, etc. Nous jouions pieds nus, avec une petite balle en caoutchouc appelée  Sea-Sport. Cette balle était vendue exclusivement dans les magasins tenus par les commerçants portugais. Nous avions aussi joué avec des balles de tennis, des balles formées de chiffons enfilés et bourrés  dans de vieilles chaussettes, des balles de mousses  aux rebonds capricieux. Pour les exercices d’entraînements, nous jouions à la "comptesse" ou jeu d’adresse et de virtuosité. Nous tracions au sol un cercle à l’intérieur  duquel il fallait jongler avec la fleur de baobab. Il s’agissait, effectivement, de compter les jonglages jusqu’à cent avec un pied puis alternativement avec les deux pieds. Il nous était interdit de sortir du cercle. Cela supposait un équilibre général du corps et une concentration permanente. Le vainqueur était celui qui marquait le plus grand nombre de points. Nous jouions sans maillot, souvent  torse nu. Il nous fallait fixer dans la mémoire, les visages des coéquipiers. Oui, la vision psychique s’était substituée au regard qui nous  permettait de fixer nos partenaires... »

Pierre Albert Ntumba

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