Sud-Kivu : l’érection de Minembwe en commune rurale compromise

Samedi 10 Octobre 2020 - 17:05

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La chronique politique de ces dernières heures reste encore dominée par la décision du chef de l’Etat de surseoir la mutation de Minembwe, une entité territoriale décentralisée du Sud-Kivu en commune rurale.

La décision prise en marge d’une conférence de presse que Félix Tshisekedi a tenu à Goma annule automatiquement le processus d’installation officielle des autorités de Minembwe tel que piloté par le ministre de la Décentralisation et des Réformes institutionnelles, Azarias Ruberwa. Ce dernier vient de voir son rêve brisé, lui qui a rassuré les Congolais d’expression rwandaise habitant les hauts plateaux de Minembwe, bien connus sous l’appellation de « Banyamulenge », de se doter enfin d’une terre propre à eux sur le sol congolais.

Ce projet longtemps ressassé par cette minorité ethnique d’origine rwandaise était sur le point de se concrétiser, n’eût été le flot de désapprobation et d’indignation qu’il a eu à provoquer dans l’opinion. En effet, la clameur publique était-elle que le chef de l’Etat a jugé bon d’annuler tout ce qui a été fait jusque-là. « Je ne peux pas laisser un peuple, surtout le mien en danger. Voilà pourquoi j’ai décidé purement et simplement d'annuler ce qui a été fait jusqu’ici », avait  déclaré le président de la République lors d’une conférence de presse à Goma où il venait de séjourner. Le salut du peuple étant à ses yeux la loi suprême, Félix Tshisekedi croit avoir pris la bonne décision pour autant qu’il s’agit d’un territoire dont les limitations sont contestées dans un contexte de conflit latent.

Le chef de l’Etat qui ne s’est pas limité là a finalement porté l’affaire au niveau de la cinquante-deuxième réunion ordinaire du Conseil des ministres qu’il a présidé le vendredi 9 octobre.  Félix Tshisekedi a réitéré sa décision d’annulation de l’ensemble du processus d’installation des autorités urbaines de la commune de Minembwe en gestation. Faisant part au Conseil de la situation de tension actuelle, particulièrement  dans les hauts plateaux à la suite de cet évènement, il a noté le risque imminent de déstabilisation et d’exacerbation de l’animosité entre la population vivant dans ce coin du pays.

Tout en assumant sa décision, en tant que garant du bon fonctionnement des institutions, et se fondant sur le principe « le salut du peuple est la loi suprême », Félix Tshisekedi a décidé la mise en place, dans les meilleurs délais, d’une commission composée d’experts scientifiques non originaires. Celle-ci aura pour mission de clarifier les choses, de retracer toutes les limites des communes concernées des hauts plateaux en vue de dégager des propositions de solution appropriées à prendre. Aussi a-t-il mis en garde toute personne qui chercherait à torpiller à des fins de manipulations politiciennes cette démarche uniquement dictée par le seul besoin de maintien de la paix sociale.

Pour rappel, tout est parti de l'installation, le 27 septembre, du bourgmestre de la commune rurale de Minembwe et de son adjoint, par le ministre de la Décentralisation et des Réformes institutionnelles, Azarias Ruberwa, en exécution d’un ancien arrêté pris du temps du Premier ministre Matata Ponyo.  Cet acte a suscité une vague d'indignations au sein de la classe sociopolitique congolaise, obligeant le chef de l'État à annuler ce processus pour le besoin de préservation de la cohésion nationale.

 

     

Alain Diasso

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