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Sur le devoir de mémoire

Dimanche 18 Novembre 2018 - 18:36

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Ce que la conférence sur l'histoire du Royaume Kongo, organisée début octobre au Mémorial Pierre-Savorgnan-de Brazza avait démontré de façon spectaculaire,  le débat passionnant qui a accompagné, le 12 novembre à Paris, la remise au président Denis Sassou N'Guesso du livre "Le Congo dans la Première Guerre mondiale" l'a confirmé avec éclat : à savoir que le temps est venu pour l'Afrique et les Africains d'écrire eux-mêmes leur longue, très longue histoire.

Ce travail de mémoire, dira-t-on, est engagé depuis longtemps et nombreux sont les historiens des différentes parties du continent qui s'y emploient avec autant de persévérance que de talent. Sans doute, mais les moyens dont ceux-ci disposent généralement sont loin d'être à la hauteur du défi qu'il leur faut relever et c'est pourquoi, il importe au plus haut point de rappeler, à l'occasion  des deux évènements que nous venons de vivre à Brazzaville puis à Paris, combien est importante la reconstitution du passé là même où il a été vécu par les peuples concernés.

Prenons, pour illustrer ce propos, le cas du Congo qui a su organiser, en moins de deux mois, les brillants évènements dont il est ici question. Alors qu'il détient des documents uniques à Brazzaville, à Pointe-Noire et autres lieux, mais qu'il compte aussi sur son territoire de nombreux sites marqués par l'histoire, il n'a pas encore créé l'espace ou les espaces qui permettraient à ses citoyens de venir se ressourcer en plongeant dans le passé multimillénaire dont ils sont issus. En témoigne le triste état dans lequel se trouvent les archives de la République qui sont toujours en quête d'un lieu où elles seront conservées, préservées, où les chercheurs du monde entier pourront se retrouver, où les simples citoyens seront accueillis et guidés afin de mieux appréhender le monde qui fut celui de leurs lointains ancêtres.

Dans le moment où l’Etat s'emploie à résoudre les problèmes de toute nature que la chute brutale des cours du pétrole sur les marchés mondiaux a générés ces trois dernières années, il n'est ni prématuré ni déplacé de rappeler l'importance que revêt l'histoire pour toutes les nations. Et de souligner que celle-ci devrait avoir une place particulière dans le programme ambitieux qui doit permettre au Congo d'occuper sa juste place dans l'Afrique centrale de demain. Exactement comme il le fait dans le domaine de la protection de la nature avec la création du Fonds bleu pour le Bassin du Congo.

Il ne fait pour nous aucun doute que si un programme ambitieux de réécriture de l'Histoire de l'Afrique centrale figure en bonne place dans le plan de relance national qui  doit accompagner l'accord économique et financier en négociation avec le Fonds monétaire international, le Congo  verra affluer vers lui des aides multiples.  L'Unesco, l'Organisation internationale de la Francophonie mais également toutes les grandes universités, tous les grands musées du monde, tous les grands sponsors s'associeront à ce travail d'une manière ou d'une autre.

Dans un tel contexte, le temps n’est-il pas venu de faire du bâtiment en voie d’achèvement dans l’enceinte du Mémorial Pierre-Savorgnan-de Brazza le Centre historique du Bassin du Congo ? Situé en plein cœur de Brazzaville et lié au monument le plus visité du pays, il deviendrait très vite un lieu incontournable pour les chercheurs du monde entier et permettrait de mettre en valeur le capital inestimable que le Congo détient grâce aux archives héritées des siècles passés.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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