Symposium Fespam : les musiques africaines vecteurs d’authenticité et facteur d’émergence ?

Vendredi 19 Juillet 2013 - 15:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Pendant quatre jours, les experts invités au symposium Fespam se sont penchés sur ce thème, et le professeur Mukala Kadima-Nzuji a prononcé une conférence inaugurale posant une double interrogation

La musique aide-t-elle (ou peut-elle aider) au développement ? Et puisque la mondialisation a aussi touché la musique, le continent y injecte-t-il le bien de ses valeurs ? En retire-t-il du bien pour son développement ? Telles étaient les nombreuses interrogations tirées de la thématique de la neuvième édition du Fespam, « Les musiques africaines, vecteur d’authenticité et facteur d’émergence »

Devant un public d’avance conquis, dont le ministre de la Culture et des Arts, Jean-Claude Gakosso, dans son importante allocution le Pr. MukalaKadima-Nzuji a d’abord relevé que les musiques africaines avaient atteint un parcours qui les ont tout simplement propulsées au-delà de l’Afrique. Elles deviennent par conséquent un levier potentiel de développement pour les États qui voudraient bien le reconnaître. Après l’époque des étudiants noirs en France qui se battaient pour défendre leurs idéaux, leur besoin pressant d’indépendance et de modernité, les musiques africaines ont évolué avec le temps.

Ces musiques, certes, continuent « de rythmer sans désemparer les villes ou les villages grâce à l’évolution des thématiques qu’elles développent, de l’esthétique organologique que l’on peut noter et ont fini par déborder en Occident où elles jouissent des faveurs d’un public de plus en plus différent ». Néanmoins ressurgissent trois questions fondamentales qui ont été développées : les musiques africaines sont-elles vecteurs d’authenticité ? Quelle que soit la réponse qu’on y apporte, a dit le conférencier, cet aspect du débat ne hante plus les intellectuels.

Dans l’hypothèse où elles seraient bien porteuses d’une affirmation des valeurs africaines authentiques, à quel prix ou sous quelles conditions ces musiques peuvent le devenir effectivement ? D’où le bien-fondé de tous les débats centraux impulsés par le Fespam cette année, une édition que le professeur a qualifiée de « remarquable » en ce qu’elle apporte le souci d’informer les consommateurs des musiques africaines sur leur santé, les états de conscience et de la réalité générale qu’elles reflètent.

« Le thème de cette édition affirme donc que les musiques africaines sont bien vecteurs d’authenticité et facteurs d’émergence. » Elles plongent le mélomane africain « dans les profondeurs abyssales du vécu et de la conscience des peuples qui en sont producteurs pour en ramener des sonorités, des vibrations, des tempos, des métaphores dont sont tissés leurs imaginaires et leurs univers affectifs », a souligné le conférencier.

Sur les différentes réflexions sur la musique, vue comme un canal essentiel dans la vie des cultures africaines, l’unanimité s’est faite sur le puissant moteur de propulsion que pourrait représenter le riche répertoire des communautés africaines, a déclaré le Pr. Kadima, leur langue naturelle, « outils par lesquels les musiquent manifestent et promeuvent les identités de ceux dont elles sont la propriété ».

En attendant les conclusions des résolutions que généreront ces débats, les musiques africaines sont pour la plupart des conférenciers des atouts puissants pour le continent. Par leur présence agissante et féconde sur le continent et dans le monde, elles sont bien devenues les ambassadrices d’un continent qui entend imprimer la marque de son propre génie, malgré le  phénomène sans cesse croissant de la piraterie musicale. Elles constituent « une puissance économique qu’on aurait tort de sous-estimer, négliger ou de jeter  aux oubliettes », a déclaré le présentateur en conclusion.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta