Taxis-motos : plus de quarante-quatre mille conducteurs en RDC

Mercredi 6 Janvier 2016 - 17:48

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Apparue en Afrique de l’Ouest dans les années 1980, ce mode de transport adapté à la desserte des zones très reculées a connu une véritable explosion dans le pays. En 2015, l’Association nationale des initiateurs et propriétaires de taxis-motos du Congo (ANIPTMC) a enregistré plus de vingt-cinq mille motos-taxis dans la seule ville de Kinshasa et plus de dix-neuf mille autres taxis-motos dans les provinces du pays.

Le phénomène taxi-moto a pris une ampleur sans précédent en RDC, particulièrement dans les grandes villes du pays. Pourtant, les statistiques disponibles sont loin de refléter la réalité sur le terrain. En effet, l’État congolais n'est pas arrivé, du moins à ce stade, à présenter un chiffrage officiel en raison de la difficulté à assurer une transition de l’informel au formel de cette activité plutôt atypique et très prisée par les jeunes au chômage. Malgré tout, les données collectées de manière informelle montrent un mode de transport en pleine croissance.

L'expérience camerounaise

La ville de Douala (Cameroun), réputée pour l’omniprésence des taxis-motos, comptait en 2003 environ 22 000 motos-taxis pour une population urbaine estimée à l’époque à un peu plus de 2 millions d’habitants. Traditionnellement, beaucoup de jeunes déscolarisés et pauvres arrivaient à générer des revenus grâce à cette activité. Concrètement, Douala a bénéficié de 30 000 emplois directs (soit deux fois plus que l’ensemble des autres modes de transport réunis dont l’autobus, le minibus, le taxi et le transport clandestin) et de beaucoup de petits métiers de réparateurs et vendeurs de pièces détachées au cours de la même période.

Kinshasa dépassé

Comme pour Douala, l'autorité urbaine n'est pas en mesure de présenter un chiffrage officiel du nombre de taxis-motos en service. En effet, chaque jour, une nouvelle moto est mise en circulation. S’il a fallu six ans pour que le parc de motos-taxis doualais soit multiplié par deux, l’on imagine le rythme de développement de l’activité dans une grande mégalopole comme Kinshasa qui est confronté également aux causes responsables de l’explosion du phénomène à Douala. Pour nombre d’analystes, il est temps de réfléchir sur les réponses durables aux besoins de déplacement des populations africaines.

Créée en 2014, l’Association ANIPTMC chargée des conducteurs des motos-taxis a du pain sur la planche. Certes, ces engins à deux roues ont facilité le transport dans les coins reculés du pays mais, en retour, l’on compte un nombre important d’accidents de circulation provoqués par les motos-taxis. Pire, certains des conducteurs sont mêlés à des attaques contre des paisibles personnes au point de pousser les autorités compétentes à interdire la circulation des motos-taxis la nuit. Une mesure d'ailleurs superbement ignorée par les concernés. L'un des grands défis de l'Association est de contribuer efficacement à la formation de ses membres en matière de civisme et du code routier.

Laurent Essolomwa

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