Téléphonie mobile : démantèlement d’un réseau frauduleux à Brazzaville

Mercredi 24 Octobre 2018 - 18:36

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L’Agence de régulation des postes et communications électroniques (Arpce) et les services de la Gendarmerie nationale ont mis la main, le week-end dernier, sur d’opérateurs frauduleux opérant dans la ville capitale sous le spectre des appels internationaux entrants.

Deux hommes et deux femmes, tous de nationalité congolaise, sont dans le filet de la gendarmerie, pris en flagrant délit sur des opérations de la téléphonie prohibée par l’Arpce. Trois jours ont suffi aux spécialistes de l’autorité de régulation pour localiser le site des fraudeurs, installé à Nkombo, au nord de Brazzaville.

Un Sim box de seize ports, un Modem ZTE et un autre Huawei de Congo Télécom, un stabilisateur, trois téléphones portables et un ordinateur portable, sont, entre autres, les outils saisis par la gendarmerie.

« Grâce à nos appareils, nous faisons une veille minutieuse sur l’ensemble du trafic téléphonique, sur le territoire national. Ces équipements pour lesquels le régulateur investit des moyens colossaux nous permettent de détecter, de manière précise, la localisation d’un réseau frauduleux », a souligné, le 24 octobre, Marc Sakala, directeur des Réseaux et services de communication électroniques par intérim de l’Arpce qui a fait le point sur l’opération.

Ces opérations frauduleuses ont plusieurs conséquences sur l’écosystème du marché de la téléphonie mobile. Si les victimes immédiates sont les opérateurs, ce genre de fraude, a souligné Marc Sakala, impose des manques à gagner qui se chiffrent en millions de francs CFA. D’après ses explications, une minute d’appel international revient à 170 francs alors qu’il arrive que ces fraudeurs totalisent jusqu’à des milliers de minutes d’appels. Un vrai pactole qui plombe le business de la téléphonie mobile classique déjà évincé par les nouveaux systèmes de communications électroniques.

La démarche empruntée par les fraudeurs n’est pas simple. Ingénieur télécom et agent assermenté de l’Arpce, Dorcia Koundoulou a apporté des explications techniques.  « Lorsqu’un appel international tombe sur un réseau local, le carrier (le transporteur d’appel) paye un droit à l’opérateur local, qui termine cet appel. Les fraudeurs, à l’aide d'appareils appropriés, notamment des Sim box, interceptent ces appels et les font suivre via des numéros locaux. L’opérateur auquel est abonné le destinataire dudit appel le traite comme un appel local. Cela fait que le dû à verser à l’opérateur par le transporteur d’appels est capté par les fraudeurs », a-t-elle fait savoir.

Voilà que tout est clair sur le sujet. Cependant, l’Arpce et la gendarmerie poursuivent les investigations afin d’interpeller toutes les personnes impliquées dans cette affaire. « La gendarmerie nous a promis que tout individu impliqué sera mis hors d’état de nuire. Elle s’assurera qu’il soit pénalisé de manière proportionnelle aux préjudices causés au secteur des communications électroniques au Congo », a précisé Jean Célestin Endoké, directeur des Affaires juridiques et internationales de l’Arpce.

Les opérations de démantèlement rentrent dans le cadre des missions ordinaires du régulateur qui sont, entre autres, de protéger et garantir à la fois les intérêts de l’Etat, des usagers et des opérateurs.  Ce énième démantèlement à Brazzaville intervient juste quelques semaines après celui d'un autre réseau frauduleux à Pointe-Noire, constitué d’étrangers dont un sujet ukrainien.

Pour l’Arpce, la résurgence des réseaux téléphoniques frauduleux relance la nécessité de l’identification au préalable de tout acquéreur de carte SIM par les vendeurs et revendeurs des opérateurs de téléphonie mobile. « Vingt et une cartes SIM de l’opérateur MTN, activées mais non identifiées, ont été trouvées auprès de ces fraudeurs », a affirmé Dorcia Koundoula.  

 

 

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Marc Sakala devant la presse à l'Arpce

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