Théâtre: Chef de famille malgré lui présentée au public

Mercredi 1 Octobre 2014 - 21:30

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 La pièce qui peint les indignations des veillées funèbres au Congo est du dramaturge congolais, Jean-Marie Bamokéna, mise en scène par Olivier Bouesso-Nkouka. 

La pièce de théâtre Chef de famille malgré lui, qui a été présentée au public par la troupe théâtrale l'Agora, est née d'un fait de vie réelle vécu par le dramaturge congolais Jean Marie Bamokéna. C’est la réalité du triste spectacle des veillées funèbres. En effet, Poto-Poto, neveu de Moboulou, un amoureux des femmes, trouve la mort. Contre son gré, Poto-Poto devient le chef d’une famille des hommes aux langues discordantes. Sa mère, son oncle Tapalé et sa grand-mère font le procès du disparu et accusent sa femme Bwaka Nzoto, une Congolaise résidant en France, de coupable du meurtre de leurs fils, oncle, frère, etc. Poto-Poto est obligé de prendre les choses en mains pour que son oncle soit enterré. Ceci après abandon de son oncle Tapalé pour des disputes autour du défunt (lieux de veillée, son héritage, le comportement de ses femmes jugé anormale pendant la veillée, car certaines d'entre elles le trompaient avec d'autres hommes, sont des sujets qui suscitent des tensions au sein de la famille du disparu) et malgré tout ce vacarme, Moboulou est mis en terre.

Par ailleurs, aux heures de l’enterrement, la principale accusée venue de France pleurer son mari apporte aux parents les cendres de leur fils incinérés, tel que recommandé de son vivant. Alors que contrairement à la modernisation, les trois autres veuves vivent les rites de la tradition congolaise en ce temps de malheur. Une période où les questions d’héritage, du respect du défunt, des mœurs africaines, d’amour refont surface et divisent.

Entre vie courante et expérience personnelle, le très créatif dramaturge jean-Marie Bamokéna replonge les Congolais à travers cette pièce de théâtre dans le bol de leur vie au quotidien. Loin d’un jugement sur étiquète, Chef de famille malgré lui est un rappel à l’ordre pour les Congolais dont la vie quotidienne est remplie de travers tordant le cou aux bonnes mœurs. Il a écrit donc cette pièce pour partager ce moment de vie et convier les intellectuels congolais à ce genre de réflexions. « Ce n’est pas la veillée qui me préoccupe, ce qui me préoccupe c’est susciter l’intérêt sur des sujets multiples de notre vie courante. Les intellectuels doivent écrire sur des sujets qui concernent notre vie de tous les jours», a déclaré le dramaturge.

Cette pièce, qui a enseigné plus d’une personne sur la vie courante des Congolais, a poussé des spectateurs à acclamer fortement la troupe Agora. Le message de Jean-Marie Bamokéna a visiblement touché le public. Il a lancé également un appel aux autorités de ce pays de soutenir les Vendredis des arts et des lettres. « Un pays qui a peur du théâtre est un pays qui a peur de se regarder et a plus de chance de se tromper… Nous lançons un cri pour que le ministre Henri Djombo soit soutenu dans tout ce qu’il fait et que Brazzaville soit une terre des arts et des lettres. Que les autorités congolaises soutiennent les Vendredis des arts et des lettres, organisés par l’Union nationale des écrivains, artistes et artisans du Congo, afin qu’ils restent pérennes», a conclu Jean-Marie Bamokéna. Notons que la troupe théâtrale l’Agora qui a interprété la pièce Chef de famille malgré lui est invitée en novembre prochain pour représenter la République du Congo en Nouvelle Calédonie. Pour ce faire, elle a sollicité le soutien financier des autorités congolaises afin de prendre en charge une partie de leur voyage.

 

Bruno Okokana