Théâtre : Le Congo présent sur toutes les scènes

Samedi 14 Mars 2015 - 9:25

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Un festival international de théâtre, une remarquable présence d’acteurs de talents, une reconnaissance hors des frontières nationales et une belle relève d’auteur (e)s dramatiques, le Congo confirme sa légitimité culturelle dans le théâtre contemporain, ces deux dernières années.

L’époque clé du théâtre congolais se situe au début des années 1980, à en croire les observateurs et bien sûr aussi l’écrivain Emmanuel Dongala, ancien directeur artistique du théâtre de l’Eclair à Brazzaville, à cette période. Actuellement, le  théâtre au Congo a renoué le fil des années 80 en s’inscrivant dans la durée. Depuis 2003, l’association Noé culture créée par les comédiens et metteurs en scène de théâtre Abdon Fortuné Koumbha, Dieudonné Niangouna, Jean Felhyt Kimbirima, Arthur Vè Batouméni, Ludovic Louppé, organise à Brazzaville, le festival international de théâtre Mantsina sur scène, dont la 12 e édition est prévue en décembre prochain.

Le Congolais Dieudonné Niangouna  en est le directeur artistique. Ce dernier, premier africain artiste associé du festival d’Avignon édition 2013, est depuis l’année dernière, artiste associé du Théâtre national de Mousonturm de Frankfort, en Allemagne, pour trois années consécutives.  Avec « M’appelle Mohamed Ali », texte paru aux éditions Les Solitaires Intempestifs, Dieudonné fait partie des 8 lauréats du Prix littéraire des lycéens 2015.  Il recevra son prix le 20 mars au Salon du livre de Paris.

L’an dernier, le dramaturge, acteur et metteur en scène Julien Mabiala Bissila était récompensé du Prix Rfi Théâtre 2014 pour son texte Chemin de fer parmi sept finalistes de l’Afrique, des Caraïbes, de l’Océan Indien et du Moyen Orient.  Au festival d’Avignon, au festival des francophonies en Limousin, au Tarmac en France, en passant par le festival Dramaturgie en dialogue de Montréal ou dans les différents Instituts français d’Afrique ou d’ailleurs, la vitalité des artistes congolais, leur rayonnement et leur assise s’affirme, autant qu’elle se confirme. De jeunes auteurs de théâtre se frayent un chemin tout en persévérant dans différents genres littéraires à l’instar de leurs aînés, Tchicaya U tam Si, Sony Labou Tansi, Sylvain Bemba, Emmanuel Dongala, etc.

Grâce à des bourses d’écritures pour la plupart octroyées par l’Institut français, les résidences d’écriture s’ouvrent à eux, souvent à la Maison des auteurs des francophonies à Limoges et à la Cité internationale des arts à Paris en France. Les maisons d’édition leur font de plus en plus confiance. En octobre dernier, l’auteure Sylvie Diclo Pomos à publier son texte Les Griots du boss après La folie de Janus en 2007. En 2014, le dramaturge et metteur en scène Faustin kéoua Léturmy a publié aux éditions Lansman la pièce Passe pas l’homme ! (lauréat du Prix lycéen de littérature dramatique francophone 2012-2013, Ndlr). En 2013, les éditions Acoria éditent la pièce Au nom du père et du fils et de JM Weston de Julien M. Bissila (lauréat du Prix des journées de Lyon des auteurs de théâtre en 2011).  

Des excellents comédiens qui séduisent des grands metteurs en scènes. Ainsi, récemment le metteur en scène burkinabé Hassan Kassi Kouyaté a distribué les Congolais Marcel Mankita et Criss Niangouna dans Sony Congo ou une chouette petite vie bien osée de Bernard Magnier. Les troupes congolaises s’ouvrent à l’international grâce au soutien incontesté de l’Institut français. Jusqu’en juin prochain, le comédien et metteur en scène Felhyt Kimbirima et sa troupe sont en tournée africaine dans 4 Instituts français d’Afrique centrale dans le cadre du projet Sony Labou Tansi tour 2014- 2015.  

Contexte difficile

Dans un pays où « seules les structures privées se battent comme elles peuvent pour que le théâtre vive », affirme Abdon Fortuné Koumbha, actuel expert de la commission internationale du théâtre francophone pour l’Afrique centrale (CITF), par ailleurs comédien, metteur en scène et conteur, le théâtre  au Congo est dans la RESISTANCE. D’où la nécessité de s’installer ailleurs que chez soi. « ceux qui en ont fait leur métier sont obligés d’aller jouer en Europe, ajoute l’expert pour essayer de vivre de leur métier. » Pour faire du théâtre en Afrique, et au Congo « il faut boxer la situation. », confie Dieudonné Niangouna. Les compagnies de théâtre ne reçoivent pas les aides du ministère ou du gouvernement.  Et pourtant, la situation n’empêche pas les théâtreux de s’investir pleinement.  «  contre mauvaises fortunes, nous faisons bon cœur. », lâche Antoine Yirrika, metteur en scène et président de l’Association Tchicaya U tam’si pour la promotion du théâtre.

 

 

Roll Mbemba

Légendes et crédits photo : 

Présentation du spectacle Sheda du metteur en scène Dieudonné Niangouna