Tournant

Même si cela ne plait pas à tout le monde, le débat qui s'instaure entre la majorité et l'opposition, tout à la fois dans les institutions représentatives de la République - Assemblée nationale, Sénat, Conseils locaux - et dans les médias par le canal des conférences de presse ou des rencontres avec les journalistes est porteur de grandes avancées. Alors, en effet, que l'idée d'un Dialogue ou d'Assises nationales proposée par certains leaders politiques n'a guère de sens dans le contexte présent, ce débat-là est tout à la fois judicieux, utile, prometteur puisqu'il oblige les deux camps, d'une part à resserrer leurs rangs, d'autre part à avancer des idées concrètes, des projets précis dont la prise en compte par le  pouvoir exécutif  génèrera des progrès de toute nature dans la gouvernance publique.

Les historiens concluront de ce qui se passe sous nos yeux aujourd'hui le fait qu'il a fallu attendre la crise financière présente, avec ses retombées sociales et économiques douloureuses, pour que la classe politique abandonne enfin la rhétorique verbale dans laquelle elle se prélassait depuis des années et attaque de front les questions qui fâchent en se préoccupant de faire du réel sa priorité. Certes un retour en arrière provoqué par l'amélioration très probable de la situation interne du Congo dans les semaines et les mois à venir n'est pas impossible, mais il nous paraît certain que l'opinion publique attend, de ses gouvernants comme de ses élus, des échanges qui donneront au débat public dans les instances de la République le caractère pratique qui lui fait, hélas!,  trop souvent défaut.

Le futur proche confirmera ou infirmera le pronostic ainsi formulé mais nous avons, quant à nous qui observons avec attention la scène politique nationale, la conviction que quelque chose bouge dans le bon sens sur le front du débat d'idées qui est à la base de toute démocratie digne de ce nom. Alors que les prochaines échéances électorales approchent - moins de trois années nous séparent de l'élection présidentielle - il est évident que si, dans le même temps où le Congo franchit les obstacles dressés sur sa route par la crise du pétrole, le réel l'emporte sur la théorie, le concret sur l'imaginaire dans le débat public, nous verrons se produire de grands progrès dans la recherche d'une société plus juste, plus équitable, plus fraternelle. Qui, honnêtement, pourrait s'en plaindre ?