Transferts d’argent : Washington bloque le rachat de MoneyGram par la Chine

Mercredi 3 Janvier 2018 - 12:51

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L’annonce a été faite, le 3 janvier, par les dirigeants américains. Ce qui a amené les autorités chinoises à réclamer un traitement « équitable » dans les services de MoneyGram, groupe américain spécialisé dans les transferts internationaux d’argent.

Alors que Ant Financial, société financière liée au géant de l’e-commerce Alibaba, voulait racheter MoneyGram, les autorités américaines s’en sont catégoriquement opposées. D’après un communiqué commun des deux sociétés, cette situation a conduit les deux groupes à renoncer à leur rapprochement de 1,2 milliard de dollars, « faute d’avoir obtenu l’approbation obligatoire du Comité sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (Cfius) ». La décision a été prise « malgré les efforts considérables pour répondre aux préoccupations du Comité », précise-t-on. Les deux groupes ont néanmoins dit vouloir poursuivre des « coopérations stratégiques », notamment sur divers marchés asiatiques.

Des analystes estiment que le rejet de l’opération de fusion entre le groupe américain et celui du magnat chinois, Jack Ma, est un nouveau signe de l’approche plus dure, en matière commerciale et règlementaire, de l’administration Trump envers Pékin. C’est ce que pense également le directeur général de MoneyGram, Alex Holmes. « L’environnement géopolitique a considérablement changé depuis que nous avons annoncé la transaction proposée avec Ant Financial, il y a près d’un an », a-t-il affirmé.

Contrôlé par Jack Ma, fondateur d’Alibaba, Ant Financial exploite des services de paiement sur internet et sur mobile. La société visait à s’étendre internationalement avec le rachat de MoneyGram, société basée à Dallas et spécialisée dans le transfert de fonds à l’étranger. Le groupe américain compte environ mille trois cents employés. Comme le Cfius, un organisme multi-agences placé sous la houlette du Trésor américain, chargé d’examiner les acquisitions étrangères, il a bloqué cette opération pour des raisons de sécurité nationale.

Réagissant à ce véto, la diplomatie chinoise l’a indirectement critiqué, en rappelant qu’une coopération économique sino-américaine « fondée sur le respect mutuel » servait les intérêts aussi bien des Etats-Unis que de la Chine.

Pékin espère que Washington va revenir sur sa décision

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a dit croire que Washington changera sa position en ce qui concerne cette affaire. « Nous espérons que les Etats-Unis puissent établir un environnement équitable et prévisible pour les entreprises chinoises qui veulent y investir », a-t-il martelé.

Selon des informations de presse, les autorités américaines se sont opposées au rachat de MoneyGram, parce qu’elles avaient des inquiétudes sur la sécurité des données personnelles, ainsi que sur le contrôle des transactions vis-à-vis du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme. Pourtant, il y a un an, Donald Trump s’affichait aux côtés de Jack Ma, saluant « l’un des meilleurs entrepreneurs du monde ».

En septembre dernier, sur les recommandations du Cfius, le président américain s’était déjà opposé au rachat du fabricant de semi-conducteurs Lattice Semiconductor Corporation par un groupe détenu par des actionnaires chinois, le fonds d’investissement Canyon Bridge Fund. Et justifiant ce refus, Donald Trump avait invoqué « un risque pour la sécurité nationale » lié à des transferts potentiels de propriété intellectuelle sur des semi-conducteurs. Pékin s’en était aussitôt alarmé, dénonçant un veto à des fins « protectionnistes ».

Outre ces vétos, d’autres projets de rachats chinois aux Etats-Unis restent suspendus à l’examen du Cfius, dont l’acquisition de l’assureur américain Genworth Financials par le Chinois Oceanwide Holdings pour 2,7 milliards de dollars, dévoilée dès octobre 2016. En dépit de cette situation, les investissements chinois aux Etats-Unis ont fortement progressé ces dernières années, totalisant quarante-six milliards de dollars en 2016. Mais depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, Washington se montre bien plus réticent envers les acquisitions chinoises. Il va jusqu’à dénoncer le déséquilibre des échanges commerciaux sino-américains et les Etats-Unis multiplient les enquêtes sur les pratiques commerciales du régime communiste, accusé d’avantager ses entreprises.

 

 

Nestor N'Gampoula

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