Transport aérien : trop de taxes en Afrique

Samedi 20 Octobre 2018 - 12:05

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Un voyageur congolais dépense quatre fois plus que son homologue américain pour parcourir la même distance. Si l’Américain lambda ne paie que trois cents dollars pour un vol New York-Minneapolis, celui de la République démocratique du Congo débourse plus de mille dollars américains pour un vol Kinshasa-Lagos (Nigeria).

De nombreux paramètres interviennent pour expliquer l’écart élevé des prix en Afrique afin de parcourir une distance quasi-similaire, estimée à peu près 3 000 km. Pour le cas RDC-Nigeria, il s'agit de deux pays différents et forcément, cela ne peut qu’influer sur le coût final du consommateur. Mais une étude de City Lab reprise par notre consœur "Ecofin" relève que même si l’on prend en compte cet aspect de la question, il est inconcevable que le voyageur kinois fasse plus de douze heures de vol, sans oublier les nombreuses escales, pour se rendre à Lagos, alors que celui des Etats-Unis d’Amérique paie trois cents dollars sans effectuer d’escale.

Le cabinet spécialisé City Lab s’interroge sur les causes du coût exorbitant des billets sur le continent africain. Selon lui, le fait de parcourir des milliers de kilomètres et de passer parfois par d’autres continents pourrait expliquer le phénomène. Il reste convaincu que ce facteur justifie en tout cas la place peu stratégique de l’Afrique dans le marché mondial du transport aérien, à peine 3 % pour un nombre estimé à cinquante-quatre millions de passagers par an. Le continent africain compte paradoxalement environ 12 % de la population mondiale mais se retrouve au bas de l’échelle pour son trafic.

En ordre d’importance des facteurs déstabilisants, City Lab épingle, en premier lieu, la taxe de l’Etat qui se répercute finalement sur le prix du billet d’avion de la compagnie aérienne. Il en ressort que la fiscalité et la parafiscalité africaines, dans le secteur aérien, sont constituées d’une moyenne de douze redevances et taxes différentes. D’où le coût élevé du voyage à l’intérieur même des frontières africaines. Et c’est l’Afrique centrale qui vient en tête avec une moyenne de cent dollars sur le billet d’avion, contre des moyennes de quatre-vingt-quatre dollars pour l’Afrique de l’ouest, soixante dollars pour l’Afrique de l’est, quarante dollars pour l’Afrique australe et trente-cinq dollars pour l’Afrique du nord. L’étude ajoute que le prix du litre de kérosène est vingt et une fois plus élevé que dans le reste du monde.

Bien entendu, devant cette situation difficile du transport aérien sur le continent, une initiative comme celle de la Commission de l’Union africaine visant à constituer un Marché unique africain du transport aérien en Afrique, lancée en janvier dernier, est saluée par de nombreux experts du continent. Un tel projet produira divers effets, notamment la baisse du coût final pour les consommateurs, la création  d’emplois, la concurrence pour doubler le trafic africain, etc. Mais le résultat mitigé de la signature d’un accord par quarante pays africains en 1999 pour promouvoir les marchés concurrentiels et éliminer les obstacles règlementaires nous rappelle que rien n’est totalement acquis.         

Laurent Essolomwa

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