Transport : la SCTP près de la ligne rouge

Mardi 3 Juillet 2018 - 19:30

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Les grèves à répétition ont contribué à la fragilisation de la santé financière du géant des transports en RDC. Au cours d’une petite cérémonie organisée en marge de la présentation des nouvelles locomotives de la société commerciale, le gouverneur du Kongo Central, Jacques Mbadu, a mis en garde contre les mouvements intempestifs d’arrêt de travail en cette période très difficile pour l’ex-Onatra.

Il y a quelques jours, la ville portuaire de Matadi, la capitale du Kongo Central, a connu une ambiance assez festive. Pour cause, la Société commerciale des transports et des ports (SCTP) a réceptionné une dizaine de locomotives et environ quatre-vingts wagons. Un véritable événement pour cet ancien fleuron de l’économie congolaise qui gère le trafic ferroviaire et fluvial sur toute la partie ouest du pays. Ces engins en provenance de l’Afrique du Sud vont permettre d’assurer un retour en force de l’opérateur qui reste incontournable dans le transport des marchandises et des personnes. Ils proviennent d’une commande spéciale du gouvernement central au profit de la SCTP.

L’unique but recherché est d’arriver à renforcer le trafic ferroviaire dans cette partie très active économiquement du territoire national. Autre détail important, ce projet d’acquisition est le fruit d’un solide partenariat public-privé, une preuve de plus de la marge de manœuvre qu’offre cette forme de coopération entre l’État congolais et le secteur privé, dans le cadre de la relance de l’économie nationale. Pour autant, toute réussite du partenariat implique forcément un certain niveau de sérieux des deux partenaires engagés.

Certes, l’effervescence était bien au rendez-vous chez les inconditionnels du chemin de fer de la province du Kongo Central. Daniel Mukoko, le directeur général de la SCTP, n’a pas hésité de parler « d’un signal fort dans la quête du redressement et du développement de la société ». Si le patron de la province partage largement cet enthousiasme, en annonçant, d’ailleurs, au pays la renaissance de la SCTP, il est resté très inquiet sur l’avenir de la société. Il n’a pas été question pour lui d’utiliser la langue de bois pour définir la triste situation de la SCTP lors de la réception du premier lot de locomotives et wagons. Selon lui, il faut « sauvegarder à tout prix les patrimoines nationaux qui se trouvent dans le Kongo Central ». Dans le lot, il mentionne de manière tacite le chemin de fer, les trois ports maritimes, le barrage d’Inga, l’exploitation pétrolière et les sociétés de cimenterie. « Nous n’avons pas le droit de bafouer ni de saboter ce que nous devons gérer en bon père de famille. (…) Et quand vous n’êtes pas digne de gérer la caisse, on peut vous ravir la clef ». Une allusion sans doute à certains projets sous-régionaux très avancés dans les domaines des transports qui restent d’actualité mais dont l’ex-Onatra ne semble pas en mesurer les conséquences directes tant sur sa survie en tant qu’opérateur dans un domaine de plus en plus compétitif, que sur la viabilité de la province du Kongo Central qui risque de perdre un de ses plus grands marchés.

Laurent Essolomwa

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