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Une ombre sur la mission des Nations unies en République Centrafricaine

Mercredi 22 Octobre 2014 - 9:58

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Sur le théâtre centrafricain, le Général Babacar Gaye, pourtant bon connaisseur des crises en Afrique centrale, joue de moins en moins son rôle de leader. Si bien que les responsables politiques et les observateurs, pour la plupart originaires de la sous-région d’Afrique centrale, en viennent à se demander si le commandement des opérations de maintien de la paix en Centrafrique n’est pas dangereusement passif.

Le Général Babacar Gaye, lorsqu’il a pris le relais des forces internationales, avait pour mission de faire cesser les sanglantes violences intercommunautaires qui déchirent la Centrafrique en menant trois actions complémentaires : d’abord, protéger la population, ensuite appuyer le processus politique, enfin contribuer à restaurer l’autorité de l’État. Trois tâches ardues et de longue haleine.  

Pourtant ni la première, ni la deuxième méthode ne semblent produire les effets que l’on attend de cette mission internationale dont le général sénégalais est un ardent et influent défenseur. Même la fameuse bataille qui consiste à éliminer les « poisons » qui minent l’autorité de l’État centrafricain (corruption, manifestations autour du départ de certains membres de la classe dirigeante notamment) et menacent de paralyser toutes les activités publiques, semble se dérouler sans lui.

Cette situation trouble nombre d’observateurs car la communauté internationale souhaiterait voir le Général Babacar Gaye plus au front. Mais celui-ci dirige de façon différente. Peut-être préfère-t-il laisser les autres prendre les devants et ne décider lui-même qu’en dernier ressort. Après avoir échoué en République démocratique du Congo (1) et n’avoir pas réussi à trouver une solution durable face à la « situation conflictuelle prolongée », il a peut-être, une fois encore, des raisons de ne jouer qu’un rôle mineur en Centrafrique. Mais face aux différentes factions engagées dans la guerre civile, il aura du mal à tirer quelques avantages politiques en restant au-dessus de la mêlée.

L’opinion publique de l’Afrique centrale est en tout cas quelque peu décontenancée par une manière de travailler qui semble démontrer que le Général Babacar Gaye flotte encore un peu dans son costume de Chef de la mission des Nations unies en Centrafrique.

 

1- Le Général Babacar Gaye a été commandant intérimaire de la force de la mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (RDC) de mars 2005 à octobre 2008.

 

 

 

Lambert Issaka

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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