Union africaine : le comité des dix sur la réforme de l’ONU tient sa première réunion à Oyo

Samedi 17 Mai 2014 - 2:00

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L’Afrique a hâte de figurer dans les instances de décision de l’Organisation des Nations unies, en particulier au Conseil de sécurité avec au moins deux sièges permanents. Tel est le principal enseignement à tirer du sommet qui a réuni, le 16 mai à l’hôtel Alima Palace près d’Oyo, dans la Cuvette, les pays membres de ce comité à l’initiative conjointe du chef de l’État sierra-leonais, Ernest Bai Koroma, qui le dirige, et de son homologue de la République du Congo, Denis Sassou-N’Guesso

Ce sommet, précédé par la réunion des ministres des Affaires étrangères et des représentants à New York et à Addis Abeba des dix pays membres (Sierra Leone, Congo, Guinée-Équatoriale, Libye, Namibie, Zambie, Sénégal, Kenya, Ouganda ), rejoints par la Commission de l’Union africaine, a passé en revue les initiatives africaines sur la réforme en profondeur du mode de fonctionnement de l’organisation internationale. Une réforme qui passe entre autres par l’engagement d’un dialogue sur la catégorie des membres composant le Conseil de sécurité, la question du veto attribué aux cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne), la représentation régionale, la taille et l’élargissement du Conseil de sécurité, les relations entre l’assemblée générale de l’ONU et son Conseil de sécurité.

Réparer une injustice historique

Pour les chefs d’État et de délégation présents à Oyo, statuer sur la réforme de l’ONU de façon à ce que l’Afrique y soit représentée comme il se doit, avec des sièges et au besoin le droit de veto tant qu’il existera, contribuerait à corriger une injustice qui date du temps où l’Afrique dans les années d’après la Seconde Guerre mondiale, en 1945, était l’ombre d’elle-même. « Comment imaginer que l’on puisse ignorer, au sein de la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité, un continent qui fait l’objet des deux tiers des délibérations de cet organe principal des Nations unies ? », s’est interrogé le président Denis Sassou-N’Guesso dans son discours de bienvenue, ajoutant : « L’Afrique milite, de façon générale, pour la démocratisation du système international et son adaptation aux évolutions contemporaines. »

Ce plaidoyer de l’hôte du sommet a été appuyé, tour à tour, par la Commissaire aux affaires politiques de l’UA, Aisha Laraba Abdullahi, représentant la présidente de la Commission de l’UA à Oyo, et par le président Ernest Bai Koroma. Dans leurs déclarations respectives à l’ouverture des assises, chacun d’eux a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de prendre en compte les revendications de l’Afrique, « un géant endormi qui s’est réveillé », a poétisé Aisha Labara Abdullahi, alors que le président du C-10, lui, rappelait que la réforme de l’ONU était un impératif pour permettre à l’Afrique de participer pleinement à la redéfinition d’un nouvel ordre mondial auquel il ne sera pas étranger, comme c’est le cas aujourd’hui.

Parler d’une seule voix

Engager la bataille pour la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU est une question vitale pour l’Afrique. Mais réussir à le faire en obtenant l’adhésion de tous en est une autre aussi importante. Les membres du C-10 l’ont reconnu et répété durant leur sommet. Il n’est pas évident, en effet que tous les États africains, tous les sous-ensembles du continent soient parvenus à défendre avec la même ardeur la position commune définie par eux-mêmes au fil des sommets de l’UA et des assemblées générales de l’ONU. D’où la préoccupation exprimée par les trois orateurs, Denis Sassou-N’Guesso, Aisha Labara Abdullahi et Ernest Bai Koroma, autour du consensus qui doit guider les dirigeants africains sur la question.

Le constat est que, a notamment déploré le président du C-10, de nombreux pays traînent le pas, des groupes de pays n’ont pas résolu d’accompagner le processus de la réforme demandée de l’ONU comme il faut. Loin d’aller au découragement, le comité, qui tient au succès de son engagement parce que convaincu de la justesse de sa vision, a estimé dans ses conclusions que « la position commune africaine telle qu’énoncée dans le Consensus d’Ezulwini et la déclaration de Syrte doit continuer de tenir lieu d’option la plus viable qui reflète l’aspiration et le droit légitime de l’Afrique à corriger l’injustice historique dont le continent a souffert ».

Sans conteste, le débat engagé à Oyo se poursuivra à Malabo, en Guinée-Équatoriale lors du sommet des chefs d’État de l’UA prévu le mois prochain, et aussi au Kenya et en Zambie, pays hôtes des futures retrouvailles du C-10. Lorsque l’Afrique aura obtenu gain de cause, ce qui veut dire au moins deux sièges de membres permanents et cinq de membres non permanents pour un Conseil de sécurité qu’elle envisage pour au moins vingt-six membres, il lui faudra alors gagner la bataille du partage du gâteau. Ce sera de la responsabilité de l’Union africaine lorsqu’elle aura à son tour banni les divisions qui la minent depuis cinquante ans.

Le sommet a réuni les présidents Ernest Bai Koroma (Sierra Leone), Denis Sassou-N'Guesso (Congo), Obiang Nguema Mbasogo (Guinée-Équatoriale), Nouri Abu Sahmain (président du Congrès général de la Libye), les ministres des Affaires étrangères de la Namibie, de la Zambie, du Sénégal, du Kenya, de l'Ouganda, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines d'Algérie, la commissaire aux Affaires politiques de l'Union africaine.

Gankama N’Siah

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Les chefs d'État et de délégation à l'ouverture du sommet. (© Adiac) ; Photo 2 : Les délégations à la réunion de l'UA à Oyo. (© Adiac)