Union africaine : qui est Robert Mugabe, le nouveau président de l’organisation?

Dimanche 1 Février 2015 - 15:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

À l’occasion du 24e sommet de l’Union africaine tenu du vendredi 30 au samedi 31 janvier à Addis-Abeba, en Éthiopie, le président zimbabwéen, Robert Mugabe a été désigné nouveau président en exercice de l’organisation panafricaine. Il remplace à ce poste son homologue mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui avait pris la tête de l’UA en 2014.

Né le 21 février 1924 à Kutama en Rhodésie du Sud dans un contexte de déchaînement de la violence raciale, Robert Mugabe est fils d’un charpentier de village.  Il suivit une formation d’enseignant à l’école de la mission catholique et part ensuite pour l’Afrique du Sud où il étudie dans l’université de Fort Hare et y est initié aux idées nationalistes. C’est dans la même université que Nelson Mandela et les dirigeants de l’ANC font leurs premières armes. Robert Mugabe y découvre notamment le marxisme.

Il enseigne ensuite au Ghana de 1956 à 1960 où il sera très marqué par la pensée panafricaniste de Kwame Nkrumah. La même année, il retourne en Rhodésie où il participe trois ans plus tard à la formation de la Zimbabwe African National Union (Z.A.N.U.) du révérend Ndabaningi Sithole, dissidence de la Zimbabwe African People’s Union (Z.A.P.U.) de Joshua Nkomo.

En 1964, il est arrêté pour propos subversifs et passe dix ans en prison. C’est l’occasion pour lui de passer au total sept diplômes par correspondance avec l’université de Londres. En 1975, Robert Mugabe est libéré. Il en profite pour diriger le Front patriotique du Zimbabwe avec Joshua Nkomo au cours de la guerre civile qui oppose dès cette année jusqu’à 1979 le pouvoir blanc du Premier ministre Ian Smith à la population majoritairement noire de Rhodésie. Cette guérilla possède des bases arrière dans les pays voisins : Zambie, Mozambique et Angola. Les négociations menées à Londres aboutissent en 1979 : elles mettent fin à la guerre et prévoient l’organisation d’élections législatives sous contrôle britannique en février 1980. Robert Mugabe devient Premier ministre après la victoire écrasante de la Z.A.N.U.

Lors de l’accession à l’indépendance la même année, il entreprend de réconcilier son pays avec les anciens dirigeants rhodésiens blancs. Cela lui vaut l’admiration des Zimbabwéens et un certain succès à l’étranger. Après avoir été Premier ministre de 1980 à 1987, Robert Mugabe est élu président de la République le 31 décembre 1987, date à partir de laquelle le régime prend un tournant dictatorial.

Sa politique en matière de construction d’écoles, de centres de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire sont néanmoins saluées. Dans les années 2 000, il met en place des grandes réformes de redistribution des terres en faveur des paysans noirs. Pourtant un siècle plus tôt, 4 500 fermiers blancs détenaient deux tiers des terres arables du pays tandis que sept millions de paysans noirs exploitaient un autre tiers. Il en résulta une grave crise alimentaire dans le pays. Dans le secteur des mines, Robert Mugabe impose aux compagnies étrangères de céder 51% des parts de leurs filiales implantées au Zimbabwe sous peine d’exclusion.

Les sanctions occidentales commencent alors à pleuvoir au Zimbabwe. La répression ne laisse aucune place à l’opposition et l’économie du pays s’effondre progressivement. Le pays fait face à une hyperinflation de 231 millions %, le taux de chômage atteint 75%, les services sociaux et l’industrie se délitent.

Après les élections de 2013, Robert Mugabe fait voter une nouvelle Constitution qui lui permet de rester au pouvoir jusqu’à 89 ans. Et aujourd’hui, à 91 ans, il est toujours président du Zimbabwe. Il va cette année assurer la présidence rotative de l’UA.

Outre la désignation de Robert Mugabe, les dirigeants africains ont, au cours de ce sommet appelé à la création d’une force militaire régionale de 7500 membres pour lutter contre le mouvement islamiste Boko Haram, dont les violences dans le nord du Nigeria, et les incursions au Cameroun, provoquent des fuites massives de populations dans des États voisins.

Pour la présidente de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, le continent africain doit apporter « une réponse collective » à la menace du groupe islamiste.

Par ailleurs le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé les chefs d’État africains à « ne pas s’accrocher au pouvoir » et à quitter les fonctions à l’issue de leur mandat.

 

 

 

 

 

 

 

Nestor N’Gampoula