USA : le duel Trump-Biden vu d’Afrique

Mercredi 4 Novembre 2020 - 13:23

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Le 3 novembre, les citoyens Américains se sont rendus aux urnes pour désigner le 46e locataire de la Maison Blanche. Cette élection présidentielle américaine est une source d’intrigue, puisqu’elle se déroule dans une Amérique marquée par une pandémie de Covid-19 qui continue de s’étendre, dans un paysage économique bouleversé, par une profonde polarisation politique, mais surtout ancrée dans une crise raciale sans précédent.

 

Certes, les sondages donnent une large avance au candidat démocrate, Joe Biden, sur son rival républicain, Donald Trump, pour l’emporter. Mais le passé récent montre que des surprises ne sont pas à écarter. Il faut juste se souvenir que l’actuel locataire de la Maison Blanche, Donald Trump, avait remporté la victoire, il y a quatre ans, face à une Hillary Clinton, dotée pourtant de trois millions de voix d’avance.

Cette fois-ci, le contexte est, il est vrai, assez différent et la machine électorale de Donald Trump est grippée. La gestion catastrophique de l’épidémie de Covid-19 lui a beaucoup nui, et la majorité de l’électorat est en train de se tourner vers Joe Biden

Destruction de l’héritage d’Obama 

Si l’on doit faire le bilan de la politique étrangère de Donald Trump, depuis son élection en 2016, il n’y a qu’un adjectif qui convient: « catastrophique ».

Donald Trump a voulu révolutionner la politique étrangère américaine. Il a privilégié la compétition stratégique, notamment vis-à-vis de la Chine comme finalité première. Son slogan « America first » a promu l’unilatéralisme et le nationalisme comme principes directeurs, rejetant le multilatéralisme et les organisations internationales.

La politique étrangère de Donald Trump, pendant ses quatre ans à la tête du pays, s’est caractérisée par la destruction de l’héritage de Barack Obama : sortie du Traité de libre-échange transpacifique, de l’accord sur le nucléaire iranien et de l’accord de  Paris sur le climat, ainsi que la mise en cause de l’ouverture avec Cuba. Et en pleine pandémie de coronavirus, il a décidé de retirer son pays de l’organisation mondiale de la santé (OMS).

L’Afrique ignorée

L’Amérique, sous Donald Trump, a totalement rejeté l’ordre international qu’elle avait elle-même créée après la seconde guerre mondiale. Sans retourner à l’isolationnisme, on peut définir la politique étrangère de Donald Trump de retour au nationalisme américain. La communication du président américain est également inédite, puisqu’elle est pratiquée à travers l’utilisation à « outrance » de son fil twitter. Elle se manifeste par un assaut généralisé contre le « globalisme », en visant plus particulièrement la Chine, mais en ne ménageant pas non plus les alliés des Etats-Unis et notamment l’Europe.

Sur le conflit israélo-palestinien, Donald Trump s’est rangé totalement sur les positions d’Israël. Par contre, on a assisté à un durcissement des sanctions contre l’Iran et Cuba, et la volonté de ne plus jouer le rôle de gendarme américain du monde.

Quant à l’Afrique, il l’a totalement ignoré durant son mandat, tout en maintenant les engagements militaires à travers l’Africom, pour contrer la domination de la Chine sur le continent.

Vue d’Afrique, l’élection présidentielle américaine, ne semble pas être un sujet de préoccupation majeur pour les Africains, tant  le continent n’a jamais paru être au cœur des enjeux stratégiques de la première puissance mondiale. Pour preuve, du premier mandat de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, les Africains se souviendront beaucoup plus de ses frasques; comme lorsqu’il a traité les Etats africains de « pays de merde », ou encore lorsque dans ses sautes d’humeur, il menaça de retirer le Rwanda de la liste des pays bénéficiant de l’Agoa, si ce pays interdisait les friperies américaines sur son territoire.

Il est bien clair l’élection d’un nouveau président à la Maison Blanche aura très peu d’impact sur le quotidien des Africains, mais dans bien des domaines, comme par exemple le climat, les relations internationales ou l’immigration, l’Afrique a intérêt à porter un regard attentif sur l’élection américaine, car les actions du futur locataire de la Maison Blanche, auront une grande incidence sur la marche du monde.

 

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

Photo: Trump et Biden/DR

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