Vatican : le pape dénonce les violences contre les migrants

Samedi 30 Août 2014 - 19:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Torturer, vendre, violer ou assassiner des personnes en fuite à la recherche d’un abri sont des crimes contre l’humanité : une offense à Dieu, dit le Saint-Siège.

C’est un regard englobant que le pape et le Saint-Siège portent désormais sur le monde des réfugiés aujourd’hui. Des centaines de milliers de personnes sont sur les routes, les montagnes se terrent et se saisissent de la première occasion pour fuir et aller chercher refuge loin de leurs lieux de naissance et de vie. Sur leur chemin, c’est souvent la mort qui les attend sous la forme d’une intolérance ethnique ou religieuse, d’une corruption à surmonter ou d’exigences qui souillent totalement la personne humaine et ravalent sa dignité à moins que rien.

Le pape François a téléphoné la semaine dernière à un camp de réfugiés irakiens pour leur dire de tenir bon ; qu’il prie jour et nuit pour eux, demandant à Dieu et aux hommes d’apporter l’aide qu’il faut pour que soit mis fin leur épreuve de persécutés. L’information, le Saint-Siège ne l’a révélée que vendredi dernier, tout comme les dessous de cette démarche, certes pas nouvelle pour le Souverain pontife. En fait, le pape réagissait à une « lettre de larmes transmise par des voies peu orthodoxes » au Vatican et dans laquelle un prêtre catholique irakien, père Behnam Benoka de Bartella près de Mossoul, décrivait une situation d’enfer pour sa petite communauté et appelait à l’aide.

Le Vatican se montre plus sensible que jamais au drame de l’immigration. Peut-être parce qu’il est lui-même le produit de l’immigration italienne en Argentine, le Souverain pontife actuel multiplie les gestes et les prises de parole pour que l’humanité ne cesse pas d’exister devant ceux qui sont contraints au déracinement. Il y a un an, il était parti jeter un bouquet de fleurs en mer, à Lampedusa (sud de l’Italie) pour y « pleurer les morts ensevelis dans l’anonymat de la mer ».

Il s’agit de ces centaines d’hommes, de femmes et d’enfants qui chaque année perdent la vie en tentant de traverser la Mer Méditerranée pour gagner l’Europe à bord d’embarcations très dangereuses. Vendredi encore, les garde-côtes tunisiens ont repêché quinze cadavres sur le littoral, à Ben Guerdane. Il s’agit d’une partie de migrants qui ont chaviré au large des côtes libyennes la semaine dernière. Ils se rendaient probablement en Italie. C’est à ce genre de drames que le Vatican continue de sensibiliser l’opinion mondiale. Samedi, le cardinal Antonio Maria Vegliò, en charge des questions d’immigrations auprès du pape, a adressé une émouvante lettre aux autorités du Mexique, pays qui connaît un drame comparable à celui de la Méditerranée, et où beaucoup de Sud-Américains trouvent la mort en tentant de franchir la frontière avec les États-Unis.

Le cardinal Vegliò y encourageait les chrétiens et la communauté internationale dans son ensemble à prêter plus d’attention « aux situations, souvent tragiques, des migrants dans le monde ». Au nom du Saint-Siège, le cardinal Vegliò a relayé une nouvelle fois l’appel du pape François à « ne pas se résigner à la mondialisation de l’indifférence ». Le haut prélat interpelle les consciences, car ceux qui meurent dans l’indifférence sont les propres frères en humanité au sein de la famille des humains.

« Comment ne pas se souvenir des 20000 migrants morts alors qu’ils cherchaient à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe ? De tous ceux qui fuient des pays d’Afrique ou d’Asie pour frapper à la porte de l’Australie ? Comment fermer les yeux sur les faits de violences et de tragédies qui frappent les minorités au Moyen-Orient, où les chrétiens en fuite sont crucifiés ou décapités ; où leurs têtes sont brandies comme des trophées ? », interroge le cardinal.

Lucien Mpama