Vatican : le pape limoge le chef de la Garde suisse

Mercredi 3 Décembre 2014 - 17:15

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Le Vatican y a mis les formes mais la presse semble avoir saisi le bon bout : le pape a limogé son chef de la Garde suisse… pour excès d’autorité !

L’information a failli passer inaperçue dans les médias ; même l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican ne l’a annoncée qu’en entrefilet dans la rubrique « nominations - départs ». Pourtant les vaticanistes semblent avoir flairé un gros et comme le coup de patte personnelle du pape François tout entièrement occupé, sans en donner l’air, à faire entrer le vent du renouveau au Vatican.

L’information ?

C’est celle qui regarde le changement de garde, si l’on peut dire, chez les Gardes suisses, le corps de sécurité du Souverain pontife. Mardi, le quotidien du Vatican a annoncé : « Le Saint-Père a disposé que le colonel Daniel Rudolf Anrig, commandant du corps de la Garde suisse pontificale, terminera son service le 31 janvier 2015, au terme de la prolongation accordée après la fin de son mandat quinquennal ». Cinq ans de bons et loyaux services liquidés en un trait de plume, cela cache quelque chose, ont dû se dire les limiers de la presse à Rome. Ainsi l’agence I-media, généralement bien informée sur tout ce qui touche le Saint-Siège et le pape, a cru devoir indiquer que nombreux parmi les gardes suisses étaient excédés par l’autoritarisme du commandant limogé. « C'est la fin d'une dictature », aurait dit l’un d’eux. Il semble acquis pour les confrères que le Suisse de 42 ans, marié et père de quatre enfants, s’était acquis une solide réputation de sévérité extrême, allant jusqu’à limoger des hommes qui présentaient un CV de 20 ans de loyauté au service du pape.

Les Gardes suisses se sont signalés ces dernières années par un scandale qui les a éclaboussés lorsqu’en 1998, Alois Estermann, le 31è commandant de ce corps spécialisé, fut assassiné par un de ses hommes, le vice-caporal Cédric Tornay. Avant de retourner le pistolet contre lui-même, celui-ci abattit aussi la femme du commandant. Trois cadavres au Vatican, c’est sans doute plus qu’on y en a compté en une seule journée depuis 1527, année de création des Gardes suisses ! Le pape - Jean-Paul II alors - put dire, effondré : « le crime est entré même dans ma maison ».

À propos des Gardes suisses...

Suivant une tradition instaurée par ses prédécesseurs, une fois par an le pape François reçoit les Gardes suisses en audience. En mai dernier, il leur indiquait : « Vous êtes appelés à donner un témoignage chrétien, serein et joyeux. Ce n'est pas l'uniforme mais celui qui l'endosse qui doit toucher les autres par la gentillesse, par l'esprit d'accueil ». Les gardes du corps de sécurité rapprochée du pape viennent, comme leur nom l’indique, de Suisse. Ils accomplissent un service militaire de deux ans au Vatican. Ils sont sélectionnés suivant des critères physiques moraux très stricts.

Pour la petite histoire, il y a moins de cinq ans, sous le pontificat de Benoît XVI, Dhani Bachmann a été littéralement la coqueluche des touristes venus parfois de très loin pour se faire prendre photo avec lui. Suisse d’origine indienne, Dhani Bachmann semble avoir été le premier Garde suisse noir de l’histoire. Lorsque venait son tour de garde à la porte Sainte Anne, une foule de curieux l’attendait à cette entrée du Vatican pour le voir ou espérer le voir.

Lucien Mpama