Vatican : L’Eglise catholique entre en synode sur la famille

Dimanche 4 Octobre 2015 - 10:13

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Plus de 360 évêques et experts catholiques tiennent conciliabule, pendant trois semaines autour du pape, sur les défis de la famille aujourd’hui.

C’est un signe de continuité dans la ligne doctrinale du pape François : la famille doit être défendue, encouragée et soutenue. Car, estime l’Eglise catholique, dès lors que la famille chrétienne vacille, c’est la société toute entière qui est en péril. Le synode sur la famille, ouvert dimanche au Vatican, va s’intéresser aux mutations qui affectent aujourd’hui cette institution « et contre lesquelles croyants et non-croyants ne sont pas immunisés », avait souligné le Saint-Père la semaine dernière à Philadelphie.

Car, hasard du calendrier mais dans un parfait timing, l’Eglise catholique vient en effet de tenir en Pennsylvanie sa 8è Rencontre mondiale des familles. Un événement géant qui a vu converger vers Philadelphie plus de 17.000 personnes venues du monde entier. Des familles déjà porteuses d’une angoisse lancinante autour de la manière de vivre leur foi et de faire face aux impératifs dits de la modernité, une vraie déferlante à laquelle céder ou résister. Certaines de ces tendances, se plaignent les évêques africains, sont imposées par les donateurs internationaux qui en font le préalable à l’aide humanitaire.

Mais l’Eglise catholique porte-t-elle seulement « sa » modernité pour autant en matière de famille ? Répond-elle suffisamment, par un message clair et attractif, aux jeunes générations plus enclines à considérer le mariage comme un point de simple passage non-contraignant, pas forcément un point d’arrivée d’une vie pleine ? Dans un monde où la notion de famille ne signifie plus forcément la réunion d’un père, d’une mère et de leurs enfants (« sans oublier les grands-parents », insiste le pape François), que veut dire passer par la formalité de l’union en église ou au temple ? Quel impact lorsque l’Eglise semble ramer à contre-courant sur des questions sociétales majeures: avortement, préservatif, euthanasie, divorce, remariage ?

Le synode qui se tient est porteur de ces interrogations et entend délivrer un message qui représentera une ligne directrice. Mais l’entreprise est ardue. Car la ligne de fracture n’existe pas seulement entre générations, au sein de la société, elle existe aussi au sein de l’Eglise catholique elle-même. Des évêques africains ne cachent pas leur irritation, car ils soupçonnent leurs pairs d’Occident d’être les chevaux de Troie d’une conception de la famille qui a du mal à passer en Afrique. En effet, beaucoup de ceux-ci ne seraient pas totalement opposés aux bénédictions des couples homosexuels, signe de liberté et de progrès qui révulse littéralement les prélats africains !

Mais même chez les Occidentaux, la tendance n’est pas à l’homogénéité sur cette question, et les critiques ont du mal à rester sous les tapis épais de la Curie romaine. Connu pour tenir une ligne d’ouverture notamment sur l’homosexualité, le cardinal allemand Walter Kasper s’en prend ouvertement à ceux qu’il appelle « les fondamentalistes » (car l’Eglise catholique aussi en a !). En face de lui, le cardinal américain Raymond Leo Burke (sur lequel vient de paraître un livre-entretien poignant : « Un cardinal au cœur de l’Eglise », Ed. Artège) dénonce ceux qui veulent pousser le pape à « prendre des décisions qui vont contre la vérité du Christ ».

C’est-à-dire à favoriser les unions « contre-nature » et l’avortement. Rescapé de la mort (ou de celle de sa mère, en 1948) le cardinal américain, sixième enfant d’une famille très priante, sait ce que veut dire résister à la tentation de l’avortement. Il croit donc dur comme fer que seul Dieu donne la vie et peut la reprendre comme et quand Il le décide. Une vérité en Eglise, pas forcément dans la société et les jeunes. C’est toutes ces tendances qui vont se « confronter » au synode qui se tient jusqu’au 25 octobre, et qui est en fait le deuxième qui se tient au Vatican en moins de deux ans. C’est le signe d’une préoccupation véritable. Après les travaux, le pape décidera ensuite de la ligne à suivre : continuité doctrinale ou bien ouverture à un monde impatient.

Lucien Mpama

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