Vatican : semaine importante pour le futur de l’Église

Lundi 9 Février 2015 - 16:28

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Le pape convoque un consistoire et réunit ses cardinaux-conseillers pour discuter des réformes de la curie romaine.

Le pape François entend aller au bout des réformes qu’il a entamées. Plus que jamais, il veut aérer l’Église catholique, la rendre moins formelle et plus proche des fidèles. Et il veut le faire en partant d’un principe de base qui lui est cher : l’écoute de la diversité, parfois divergente, qui remonte des paroisses et des diocèses du monde. La tâche n’est pas facile mais le Souverain pontife ne semble animé d’aucun doute particulier pour y arriver. « C’est la mission que m’ont confiée les cardinaux quand ils m’ont choisi », ne cesse-t-il de répéter.

Cette semaine, donc, il réunit d’abord son propre conseil des cardinaux. Ils sont 9 « princes de l’Église » siégeant à intervalle régulier au Vatican pour débattre des questions pressantes dans la société et la réponse que l’Église catholique entend y apporter. Jusqu’ici, les travaux ont d’abord consisté à assainir les finances du Vatican. Sa banque de l’IOR (Institut pour les œuvres de religion, qui ne porte en réalité pas ce titre même s’il en fait fonction), a subi un coup de jeune. Le pape y a dépoussiéré les armoires et insufflé un esprit nouveau. Plus question de parler de laisser traîner le soupçon d’une institution de blanchiment infiltrée par les mafias.

Petit à petit, le travail du pape avance : tous les dicastères (ministères) sont passés en revue, leur gestion épluchée. Concomitamment, le Souverain pontife « dégraisse le mammouth », pour reprendre l’expression d’un homme politique français, en parlant de la fonction publique. Il ne passe désormais plus de jours que des « monsignore », bien enracinés au Vatican, ne soient renvoyés dans leurs pays d’origine pour s’y occuper du travail de base, dans les diocèses.

Les derniers cas en date, pour ne parler que des seuls Africains, sont ceux de Mgr Denis Chidi Isizoh qui quitte la Curie pour être auxiliaire (adjoint) du diocèse nigérian d’Onitsha, et de Mgr Liberatus Sangu, nommé évêque de Shinyanga, en Tanzanie. Il a longtemps officié à la puissante Congrégation pour l’Évangélisation des peuples, au Vatican. Le pape avait dit qu’il ne voulait plus de cette pléthore de prêtres dans les bureaux. Il les voulait sur le terrain pastoral ; il concrétise cette volonté et manie la crosse et le balai.

Le conseil des cardinaux, le fameux C-9 actuellement en session, étudie toutes ces questions et pourra présenter jeudi et vendredi aux cardinaux convoqués à Rome les conclusions de ses travaux. Et, samedi, le pape François « crée » 20 nouveaux cardinaux. L’institution qui les réunit, le collège cardinalice, joue un rôle crucial à la mort d’un pape puisque chargée de l’élection de son successeur. Mais cette faculté n’est ouverte qu’aux cardinaux ayant moins de 80 ans, les « cardinaux électeurs ».

C’est pourquoi, il est essentiel de veiller à l’équilibre des forces en son sein ; équilibre entre générations, entre courants théologiques et, surtout, entre continents. Parmi les 20 cardinaux de samedi, 15 seront des cardinaux électeurs. Deux d’entre eux proviendront d’Afrique (un du Cap-Vert et un autre d’Éthiopie). Ils viennent renforcer une présence africaine de moins en moins anecdotique au fil des années autour du plus en vue d’entre eux, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa (RDC) et membre du C-9.

Lucien Mpama