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Vers la fin de l’ère nucléaire ?

Samedi 23 Septembre 2017 - 13:23

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L’Histoire, la grande Histoire, retiendra que c’est lors de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, que fut lancée l’une des réformes les plus importantes de la gouvernance humaine : celle de la suppression des armes nucléaires qui constituent, avec la dégradation de l’environnement, l’une des plus graves menaces pesant aujourd’hui sur l’avenir de notre espèce.

En appelant le 20 septembre toutes les nations du monde à signer le Traité d’interdiction des armes nucléaires qui doit renforcer le Traité de non- prolifération adopté il y a très exactement quarante-sept ans, le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a inscrit dès à présent son nom dans la liste des hommes qui auront œuvré pour la paix mondiale de façon efficace. La preuve en est que plus de quarante pays ont signé sans attendre ce texte, démonstration s’il en fallait une que l’inquiétude grandit au sein de la communauté internationale concernant l’utilisation des armes nucléaires à laquelle pourrait recourir l’une ou l’autre des nations qui s’en sont dotées.

Au-delà de la menace que fait peser dans ce domaine très sensible l’affrontement, verbal pour l’instant, auquel se livrent le président nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump ce qui est en jeu dans cette affaire n’est pas autre chose que notre  devenir collectif. La preuve nous en a été donnée de façon horrible le 6 et le 9  août 1945 lorsque les Etats-Unis lancèrent deux bombes atomiques sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, causant en quelques secondes la mort de centaines de milliers d’innocents et réduisant en cendres deux grandes cités asiatiques.

Alors que quinze mille têtes nucléaires dont la puissance de destruction est infiniment plus grande se trouvent entreposées aujourd’hui dans les bunkers ou les sous-marins des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de l’Inde, du Pakistan, de la France, du Royaume-Uni, d’Israël, de la Corée du nord, le risque d’une dérive subite de l’un ou l’autre détenteur de l’arme dite « suprême », loin de se réduire avec le temps, s’aggrave de jour en jour. Ceci pour au moins deux raisons : d’abord, parce que les progrès de la technologie permettent de diminuer le poids, d’augmenter la puissance et d’allonger fortement la portée de ces engins ; ensuite, parce que les hommes ayant le pouvoir d’en user sont de moins en moins contrôlables comme en témoignent les propos fous tenus ces derniers temps par les plus hauts dirigeants américain et nord-coréen.

Dans le même temps où l’espèce humaine s’emploie à lutter réellement contre la dérive climatique qui la menace d’extinction, elle doit amener les puissances nucléaires à agir pour se débarrasser enfin des armes qui mettent en péril son existence. Si elle ne le fait pas, l’on peut être certain qu’un jour prochain la folie l’emportera sur la raison et que l’un ou l’autre des détenteurs de ces engins de mort les utilisera sans raison provoquant une série de réactions en chaîne qui dévasteront à coup sûr la Terre.

Il ne faut rien attendre, hélas !, des pays qui se sont dotés de tels engins tant est prégnant le mythe de la protection que porte en elle l’arme nucléaire,  mais l’on peut tout espérer en revanche des nations qui ne les possèdent pas. Comment, en effet, neuf  nations, aussi riches et puissantes soient-elles, pourraient-elles ignorer les injonctions que leur adresseraient, de façon claire et non négociable, les cent quatre-vingt pays qui constituent l’écrasante majorité de l’Organisation des Nations unies ?

Si l’on ajoute à ce qui précède que l’entretien et la modernisation des armes nucléaires plombent de façon dramatique les finances des Etats qui les possèdent, l’on peut conclure qu’il ne devrait pas être très difficile, finalement, d’amener ceux-ci à changer d’attitude. L’enjeu est si grand, si vital pour chacun de nous qu’il devrait figurer désormais en tête des priorités que se fixe l’humanité pour les décennies à venir.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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