Victime de la répression du 25 février : Éric Boloko enterré en catimini en l’absence de sa famille

Samedi 3 Mars 2018 - 17:11

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Les autorités de la province de l'Équateur auraient pris cette décision par crainte d'un soulèvement de la population en colère qui tenait à récupérer le corps.

Le jeune Éric Boloko (18 ans) est parmi les deux victimes de la marche des chrétiens catholiques du 25 février. Son nom n’est pas aussi abondamment cité comme celui de Rossy Tshimanga et pourtant, tous deux avaient, ce jour là, milité pour une même cause : le respect intégral de l’accord de la Saint-Sylvestre. Le cas d’Éric Boloko, finaliste du secondaire de son état, n’a pas autant captivé les esprits. C’est à peine que ses photos étaient postées sur la toile.  C’est un martyr de plus que compte la RDC pour avoir versé son sang au nom de la liberté et de la justice.      

Alors que son corps continuait à être gardé depuis lors par les autorités provinciales qui s’occupaient seules de sa conservation, la famille d'Éric Boloko a été surprise d’apprendre que  fils a été inhumé à son insu le 1er mars. L’enterrement a eu lieu, d’après des sources locales, dans un cimetière de la ville de Mbandaka sous forte présence policière. L’attitude des autorités provinciales a surpris plus d’un, et particulièrement la famille de la victime qui ne s’explique pas qu’un de ses membres soit enterré en catimini sans que le deuil ne soit observé comme cela est de coutume. « Les autorités provinciales ont refusé de nous remettre le corps pour la messe et pour un enterrement digne », a déclaré le père du défunt, Adrien Bolokoloko cité par l’AFP.

Pour l’exécutif provincial de l’Équateur, il n’y avait pas lieu de laisser l’initiative des funérailles à la famille avec toutes les conséquences qui pouvaient en découler en termes de sécurité. Vis-à-vis d’une population devenue hostile et qui tenait à tout prix à récupérer le corps pour gérer les funérailles à sa guise, la réaction des autorités provinciales pouvait se justifier, surtout que le spectre d’un soulèvement populaire planait sur la ville. Le gouvernorat qui, visiblement, n’avait pas les moyens de contenir une éventuelle subversion avait préféré jouer à la prudence en réquisitionnant le corps jusqu’à son enterrement nonobstant les récriminations de la famille. « Je m'insurge contre cette pratique et je déplore ce comportement indigne d'un gouvernement contre un mort et sa famille », a pour sa part réagi un élu du coin.

Pour rappel, le jeune Éric Boloko a été tué par balle à Mbandaka dans la foulée de la marche initiée par le Comité laïc de coordination, le 25 février. Son bourreau, le policier Obed Agbe, reconnu coupable du meurtre, a été condamné à perpétuité par le tribunal de garnison de Mbandaka au terme d’un procès en flagrance. Il doit également payer la somme de 150.000 dollars de dommages et intérêts à la famille de la victime.

Alain Diasso

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