Vie des partis : l’opposition congolaise déplore "la brutalité" de l’opération « Mbata ya Bakolo »

Samedi 12 Avril 2014 - 16:30

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À travers Mathias Dzon, Christophe Moukoueké, Jean Itadi et Clément Mierassa, le collectif des partis de l’opposition signataires de la déclaration du 17 août 2012, a passé au peigne fin l’actualité politique nationale : l’opération policière« Mbata ya Bakolo » ; le recensement administratif spécial et le débat sur la révision ou le changement de la Constitution.

 

Abordant le point sur l’opération policière qui vise à assainir les quartiers de Brazzaville confrontés ces derniers temps à une recrudescence de la violence, Mathias Dzon a indiqué que  dans les relations entre les États, le caractère diplomatique doit prévaloir. « On est conscient que la majorité de nos frères de la République démocratique du Congo sont dans les situations administratives  irrégulières. Ce n’est pas une raison pour les autorités policières d’utiliser les moyens brutaux pour les rapatrier », a-t-il avancé.

 Les autorités congolaises doivent créer des mécanismes efficaces pour filtrer l’entrée des étrangers sur le territoire national. Les services d’immigration, a-t-il dit, doivent être plus rigoureux. Or, a-t-il ajouté, on a l’impression que les ressortissants de la République démocratique du Congo(RDC) sont pris comme des bouc-émissaires parce que l’Etat semble avoir  d’autres visées derrière cette opération policière. « Si les autorités policières ont un agenda caché, cela devient une provocation envers nos frères de la RDC. C’est ce qu’il faut éviter », a-t-il insisté.

Les quatre conférenciers ont également abordé le sujet concernant le recensement administratif spécial. Ils ont dénoncé plusieurs irrégularités qui ont émaillé le déroulement de cette opération. Ils sont sceptiques sur la fiabilité du corps électoral qui ressortira de ce recensement. S'appuyant sur des premières fiches qui seraient en leur possession,  ils ont évoqué des écarts très grands d’électeurs d’un département à un autre, sachant que, selon Clément Mierassa, le Sud  du Congo est toujours plus peuplé que le Nord.

Abordant la question sur la révision ou le changement de la Constitution, les conférenciers ont argumenté qu’il n’y a pas un événement majeur qui justifie actuellement le changement ou la révision de la Constitution. Ils sont très surpris que le débat sur la question  soit porté sur la place publique par certains  dirigeants des institutions constitutionnelles  au nom des pseudo sages qui n’ont, selon Jean Itadi, aucune légitimité.

Ils ont insisté sur le fait que toutes les autres matières de la Constitution peuvent être révisées sauf l’âge limite pour être candidat à la magistrature suprême ; le nombre de mandats du chef de l’Etat et l’intégrité territoriale. Pour Christophe Moukoueké, le débat sur la révision de la Constitution n’est pas opportun, parce que, a-t-il expliqué, le moment ne s’y prête pas.

« Cette Constitution existe depuis près d’une décennie. Si les autorités qui l’expérimentent avaient constaté qu’elle méritait quelques réajustements, elles auraient pu le faire quatre ans avant l’élection présidentielle de 2016. Engager ce débat à la veille de cette échéance suppose que la majorité présidentielle veut accorder un troisième mandant au Président Denis Sassou N’Guesso. Ce qui est anticonstitutionnel », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, les conférenciers ont lancé un appel à tous les congolais à faire bloc pour barrer la voie, selon eux, aux membres de la majorité présidentielle porteurs de cette idée de  révision ou de changement de la Constitution. Ils ont ainsi annoncé la  création d’un Front pacifique contre le changement ou la révision  de la Constitution.  

 

  

Roger Ngombé

Légendes et crédits photo : 

Mathias Dzon pendant la conférence de presse