Vient de paraître: " La parole de l’Autre dans la rumba congolaise "

Jeudi 3 Janvier 2019 - 21:00

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La musique des deux Congo, en l’occurrence la rumba qui est son expression phare, est l'objet d’un nouvel essai signé Bienvenu Boundimbou. Sur cent quarante et une pages du livre édité par Hemar, l’auteur tente d’appréhender les emprunts réalisés dans la chanson congolaise de variétés.  

Seydou Badian écrit dans "Sous l’orage", « La meilleure des connaissances est celle qui mène l’homme vers les hommes ». C’est dans cette veine que s’inscrit le jeu d’appropriation du discours de l’autre à travers la rumba congolaise, ici mise en évidence par la plume experte de Bienvenu Boudimbou, journaliste et enseignant-chercheur à l’Université Marien- Ngouabi.

Il relève que la création dans ce domaine ne se fait pas en vase clos mais, fortement marquée d’apports extérieurs. Un certain métissage culturel et artistique est perceptible dans la chanson congolaise depuis les années 1950 jusqu’à nos jours. Cette réalité ne fait que prendre de l’ampleur. L’objectif de l’étude y relative consiste à en saisir les modalités.

La rumba congolaise s’enrichit du « folklore » mais aussi de la world music. La discographie des virtuoses comme Papa Wemba en témoigne tant. La littérature est également une source d’inspiration importante, surtout la bible. Rapha Boundzeki se réfère notamment au poème de Symphorien Nkoua pour composer sa chanson culte "Le départ pour l’école". Par ailleurs, les titres "Ésaü" de JB Mpiana, "13e apôtre" de Koffi Olomidé, "Eden" de Théo Blaise Nkounkou, "Nzambé mokondzi" de Roga Roga font allusion à la bible.

Les auteurs des chansons puisent parfois dans l’actualité des médias ou de la société, dans les mélodies de leurs devanciers, au cinéma, au football, etc., le contenu de leur art. Ils empruntent les titres des chansons ("Dona Beija" de Youlou Mabiala, "Independance day" de Doudou Copa…), les extraits des chansons ou des morceaux complets (Koffi chante Lutumba Simaro), les noms des autres (Rochereau, Bill Clinton, Al Pacino, Fabregas…), les cris pour l’animation (Ya Mado, Contentieux…).    

" La parole de l’Autre dans la rumba congolaise" abonde aujourd’hui par les dédicaces des mêmes noms chez plusieurs musiciens, par les aphorismes issus de la sagesse populaire et par la création d’un vocabulaire nouveau à partir des mots français. Ou par des interférences de langues lingala et français comme on peut le remarquer dans cet extrait d’un morceau tiré de l’album "Affaire d’Etat" de Koffi Olomidé : « Batongaka mboka na maloba pamba té, il faut mossala éléka maloba na ébélé / Patriote ya solo atia ka intérêt général liboso ya nionso / Congo ekobonga té soki to za té lisanga, soki to sangisi té le génie de l’un avec l’énergie de l’autre, soki to tié té intérêt ya peuple devant le chacun pour soi / Congo eza na besoin ya sueur koléka biloba loba / Bozoba émémi division, pé ba guerre, Congo ezo zonga sima, attention / Congo eza na posa ya paix ».

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Photo:Couverture de l'ouvrage

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