Violences sexuelles à Kinshasa : l’Asadho exhorte à une mobilisation des communautés nationale et internationale

Mardi 17 Décembre 2013 - 14:59

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Pour l'ONG, la seule façon de mettre fin au viol, considéré comme une grave atteinte à la dignité et aux droits fondamentaux humains, est le changement de comportement vis-à-vis de ces actes.

L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) a plaidé pour la stricte application du droit au niveau de la justice face au viol. C’était le 17 décembre, à son siège, à l’occasion de la publication officielle de son rapport sur les violences sexuelles dans la ville-province de Kinshasa.

Dans ce plaidoyer fondé sur une enquête effectuée de juillet à septembre dans neuf communes de Kinshasa, l’Asadho a relevé à l’attention des communautés nationale et internationale que le viol n’est pas seulement un phénomène de l’Est mais il est devenu un fléau national. « Si dans les provinces de l’est du pays, le viol a été utilisé, à un certain moment, comme arme de guerre, à l’ouest, cet acte constitue tout simplement une atteinte à la dignité de la femme », a fait observer le président de cette ONG, Me Jean-Claude Katende. Ce juriste et son ONG ont, de ce fait, sollicité l’implication de tous, en adoptant un comportement condamnant ces actes, pour arriver à mettre fin à ce fléau.

Des caractéristiques différentes

Dans ce rapport, l’Asadho, qui a relevé vingt-trois cas de viol pendant la période étudiée et dans l’espace considéré, a indiqué qu’à Kinshasa, le viol est un « phénomène des privés ». « Les auteurs de ces actes sont plus des civils », a noté l’Asadho. Alors que, selon l’ONG, à l’Est, ces actes sont plus commis par des policiers et des militaires.

L’Asadho a également fait remarquer que dans la capitale congolaise, le viol qui est un fait des hommes adultes porte plus sur les mineures d’âge que sur des femmes adultes.

Des attitudes importantes

L’ONG a regretté que les proches des victimes considèrent que le viol jette un discrédit sur la famille et évitent ainsi de porter l’affaire devant la justice, en cherchant des arrangements à l’amiable et au secret. L’Asadho a également dénoncé l'attitude des hommes d’église qui se refusent, par principe du secret professionnel, de transmettre les informations relatives au viol dont ils sont saisis, en vue de permettre la poursuite des auteurs. Elle a également fustigé la tendance des victimes de viol de ne pas faire confiance à la justice et d’éviter d’aller vers les institutions hospitalières en vue d’être médicalement prises en charge.

Par contre, l’Asadho, qui a regretté le manque des moyens des victimes pour aller en justice, a recommandé qu’elles soient dispensées de certains frais judiciaires.

Dans cette voie de recommandations, l’ONG a aussi demandé aux proches parents des victimes de sensibiliser les parents de victimes à surmonter la honte consécutive au viol de leurs filles car « elles pourraient, par le fait du viol, contracter une maladie, voire encourir d’autres problèmes de santé ». Pour l’Asadho, en effet, une sensibilisation de haute envergure devrait être sur toute l’étendue de la ville, plus particulièrement dans les milieux à risque, aux fins de pousser la population à la dénonciation, à une autodéfense.

L’association a exhorté les autorités judiciaires à chercher les actes vils en se passant des arrangements à l’amiable que ne reconnaît la loi en la matière et à exposer à des poursuites, des policiers et autres agents de l’Etat qui s’évertuent à faire évader les auteurs de viol, en échange de l’argent. L’Asadho, qui plaide pour la vulgarisation continuelle de la loi sur les violences sexuelles, prend, en effet, pour coupables, les responsables des lieux de détention et autres postes de police, ayant occasionné la fuite des auteurs des viols.

L’ONG sollicite, enfin, de la communauté internationale de renforcer des capacités des agents du circuit judiciaire, de la population ainsi que de la société civile, et d’organiser des forums de quartier sur les violences sexuelles. Cependant, les autorités politiques ont été appelées à exiger la stricte application du droit au niveau de la justice.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le président de l'Asadho, Jean-Claude Katende, livrant le rapport à la presse