Viva-la-Musica : l’après Papa Wemba, un pari difficile à tenir

Vendredi 1 Juillet 2016 - 22:33

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Des nombreuses formations musicales ont donné le mauvais exemple en tombant dans l’oubli juste après la mort de leur leader. Viva-la-Musica réussira-il à conjurer le sort en survivant à Bakala-Dia-Kuba ? Question à plusieurs inconnues. 

Que des mauvais présages pour Viva-la-Musica après la disparition de son créateur décédé le 24 avril sur la scène du Festival des musiques urbaines d'Anoumabo (Femua) à Abidjan. D’aucuns s’appuient sur une jurisprudence qui s’est installée, depuis des lustres, sur la scène musicale congolaise pour prédire la décadence de ce groupe musical après la disparition de son leader. Le principe est que les orchestres survivent très rarement à leurs fondateurs. Et l’on entend dire que Viva-la-Musica n’échappera pas à cette prédiction qui gangrène l’espace musical congolais depuis les temps immémoriaux. Des exemples abondent. Le plus récent est celui de Victoria Eleison dont les membres se sont entredéchirés après la mort de King Kester Emeneya. Un cas d’école, dirait-on.

Remontant le temps, on peut citer African Jazz, TP OK Jazz, Bella Bella, Royaume Madilu, Empire Bakuba etc, qui n’ont pu survivre à leurs géniteurs. Les raisons de garder un brin d’optimisme sur la survie de Viva-la-Musica sont bien minces quoique des dispositions aient été prises sur le plan administratif pour préserver ce patrimoine national des risques d’une implosion. Prenant les commandes de l’orchestre de son défunt mari au terme d’une réunion entre le staff dirigeant et les membres de la famille biologique de l’illustre disparu au lendemain du 40è jour de son inhumation, Shungu Luzolo Marie-Rose croit incarner cette panacée qui pourrait sauver les meubles et conjurer le mauvais sort.

Sauver ce qui peut l’être

Tout le monde, au niveau du bureau, est à son poste. Aucun chambardement n’a eu lieu si ce n’est son incursion dans le giron administratif, elle qui, des années durant, a suivi à distance les activités de son mari. Le bureau est toujours dirigé par les mêmes personnes, Marie-Laure Yaone, Honorable Senado et Cornelly Malongi. Le doyen basiste Tosha Bass Fula Nkanda garde son poste de Chef d’orchestre en attendant la mise en place d’un nouvel organigramme avec des nouveaux animateurs.  

Question à mille inconnues : Marie Rose aura-t-elle les coudées franches pour conduire la barque, elle qui ne maitrise pas forcément les méandres de l’environnement musical, avec ses frasques et ses déviations ? Aura-t-elle le charisme qu’il faut pour contenir la fougue des musiciens sous sa tutelle réputés difficiles à gérer et qui, assurément, tiendraient à voir clair dans la gestion des contrats et d’éventuelles rentrées financières ?

Le premier acte de la nouvelle direction s’est décliné du 25 au 27 juin dernier au Sankuru, précisément à Tshumbe dans le Territoire de Lubefu, lors des cérémonies de clôture du deuil de Papa Wemba où une stèle en mémoire de l‘artiste a été dévoilée. A la tête du groupe, Mère Amazone a communié avec les notabilités locales recevant d’elles l’onction nécessaire pour conduire le groupe, soutenue par une assise coutumière bien en place.           

Des velléités d’émancipation

Qu’à cela ne tienne. Entretemps, Bendo Son et Mpompon Miyake sur qui reposent les espoirs de redynamiser le groupe après leur réintégration, semblent ne plus avoir le cœur à l’ouvrage depuis le triste événement d’Abidjan. La tendance est plutôt de retrouver leur liberté d’action aliénée du fait de leur retour au bercail. Les deux artistes sont annoncés dans quelques capitales africaines pour des concerts d’hommage à leur mentor. Bendo serait tenté de reprendre certains titres de Papa Wemba, Kester Emeneya, Tabu Ley dans un album en gestation. Une entreprise qui préfigure une carrière en solo déjà tentée sans grand bonheur par le passé avec « Face B », un opus resté lettre morte. C’est autant dire que l‘apport de ces deux anciens cadres au sein du groupe est à relativiser, quitte à veiller à ce que le syndrome d’autonomie n’atteigne les autres membres du groupe.

Au-delà de cet aspect lié au besoin d’émancipation que caresse tout artiste digne de ce nom, personne aujourd’hui dans Viva-la-Musica ne peut revendiquer le statut de digne successeur de Papa Wemba en terme artistique et de meneur d’homme.  Ekumany qui n’avait pas préparé un dauphin, aura légué un immense héritage que les membres du groupe ont intérêt à sauvegarder. Des sponsors et autres producteurs seraient d’ores et déjà prêts à puiser dans leur tirelire de quoi redynamiser le groupe afin de garantir sa survie. Toute une gaguère. En attendant, wait and see.                  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Papa Wemba

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