Voir ou revoir : « Malaria business » de Bernard Crutzen

Vendredi 22 Avril 2022 - 13:24

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

25 avril 2022. Alors que l’humanité s’apprête à commémorer une fois de plus la Journée mondiale contre le paludisme, « Malaria business » s’invite à nous comme un temps de réflexion. Ce documentaire long-métrage saisissant met au pied du mur les institutions qui prétendent lutter contre le paludisme depuis près de cinquante ans. Ce, en parallèle des différentes controverses que suscite l’usage de l’Artemisia comme moyen de lutte contre la maladie.

Sorti en 2017, « Malaria business » est un beau film, tant de par la qualité des images et de la narration, que par le sujet poignant et sensible qu’il aborde, à savoir le paludisme. Avec une victime toutes les deux minutes, cette maladie continue de tuer plus de 500 000 personnes dans le monde. Ce, malgré la lutte qui a commencé depuis la nuit des temps, notamment avec le dichlorodiphényltrichloroéthane plus connu sous le signe DDT, un insecticide pour tuer les larves de moustiques responsables de la maladie, interdit dans les années 1960 ; les moustiquaires imprégnées ; les médicaments en forme de comprimés ; et enfin le vaccin qui jusqu’à lors reste en attente.

En 2015, le chanteur belge Stromae faisait une révélation choquante sur le Lariam, un médicament contre le paludisme qui fait partie des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine, encore disponible sur le marché. « J’ai subi les effets secondaires du Lariam. Ça m’est arrivé en juin 2015, lors de ma tournée en Afrique. J’étais stressé, épuisé, tout me prédisposait à péter les plombs, mais l’accélérateur, c’était le Lariam », confie l’artiste. Comme le souligne le film, contrairement aux autres ACT (Artemisinin-based combination therapy, en français Thérapie combinée à base d'artémisinine) dont l’efficacité est reconnue, le Lariam poserait, à ce jour, de sérieux problèmes. Au Royaume-Uni, par exemple, il a été carrément au centre d’un procès opposant des centaines de vétérans d’Irak au ministère de la Défense britannique.

Sur la base de toutes les controverses sur les moyens de lutte contre le paludisme dans le monde, le réalisateur belge Bernard Crutzen a mené une enquête sur un traitement alternatif qui utilise l’Artemisia annua dans sa forme naturelle de plante sous forme d’infusion, et non pas seulement l’artémisinine, qui en est extraite. Le témoignage de l’écrivain et aventurier Alexandre Poussin, qui raconte comment, en 2001, en Afrique, il s’est soigné en absorbant plusieurs litres de cette tisane, est saisissant. A celui-ci, s’ajoutent ceux du Dr Jérôme Munyangi en République démocratique du Congo ainsi que de biens d’autres scientifiques et patients à travers le monde.

Seulement, cette solution locale, efficace et peu onéreuse qui a largement sa place dans la lutte contre le paludisme, bute encore à l’influence des lobbys pharmaceutiques. Utilisée depuis des millénaires dans la médecine traditionnelle chinoise, l’Artemisia est pourtant interdite dans certains pays européens comme la France et la Belgique, également déconseillée par l’Organisation mondiale de la santé. Mais, ce, jusqu’à quand ? Ce combat entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne, les relations entre l’industrie pharmaceutique et les pouvoirs publics… invitent, plus que jamais, à de grandes réflexions pour un avenir serein de l’humanité. Et l’espérance d’un avenir sans paludisme doit quitter le simple « slogan » pour une réelle volonté à changer les choses.

Notons que ce documentaire a été produit par Caméra One Télévision, Zistoires et la RTBF-unité documentaire, avec la participation de France Télévisions.

Lien pour suivre le film : https://www.lumni.fr/video/malaria-business

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

Notification: 

Non