Voir ou revoir : « Tu mourras à 20 ans » d’Amjad Abu Alala

Jeudi 16 Juillet 2020 - 19:52

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Sorti au cinéma en janvier dernier, le film « Tu mourras à 20 ans » est l’une des belles surprises cinématographiques venant d’un pays longtemps privé de cinéma : le Soudan. Le scénario est une parenthèse d’attente angoissée pour évoquer plus largement l’aspect néfaste de toute croyance sur la vie.

Tradition, religion et croyance se mêlent harmonieusement dans ce film d’Amjad Abu Alala coproduit par le Soudan, la France, l’Egypte, l’Allemagne, la Norvège et le Qatar. Tourné sur les rives du Nil bleu, son premier long-métrage est une superbe allégorie contre l’ignorance et un hymne à la liberté. Cela n’étonne donc pas qu’il ait remporté récemment le Prix (Luigi De Laurentiis) de la meilleure première œuvre à la dernière Mostra de Venise ainsi que le Grand Prix (Regard d'or) du Festival de Fribourg, organisé en ligne.

« Tu mourras à 20 ans » s’ouvre sur une clairière, annoncée par son titre, qui fait d’emblée basculer le téléspectateur dans la tragédie. Soudan, province d'Aljazira. Peu après la naissance de Muzamil, le chef religieux du village prédit qu'il mourra à l’âge de vingt ans. Le père de l'enfant, ne pouvant pas supporter le poids de cette malédiction, s'enfuit. Sakina, la mère, est alors contrainte d’élever seule son fils, le couvrant de toutes ses attentions. Les années passent et un jour, Muzamil a 19 ans...

Ce film drame, d’environ 1h 45 mn, dévoile avec beaucoup d’émotion, vingt ans d'une vie en attente et d'une mort en sursis. Muzamil a été contraint de vivre sans enfance, sans devenir, pour une prophétie qui l’a rendu prisonnier. A travers des images émouvantes, Amjad Abu Alala rend sensible l’étrange rapport de ce jeune garçon, à capter cette existence de mort-vivant errant dans son village, condamné à être privé de tous les rites communautaires et les premières fois qui font une vie d’enfant et d’adolescent. Surnommé « Muzamil, fils de la mort », comment parviendra-t-il à renaître ? Ce film est un grand récit d’apprentissage qui n'omet pas la part du rêve. Dans une mise en scène élégante et maîtrisée, il saisit également grâce à sa puissance expressive.

Si son passeport est soudanais, Amjad Abu Alala est né et a grandi aux Émirats arabes unis. Repéré à la Mostra de Venise, le Soudanais partage aujourd’hui son temps entre Khartoum et Dubai. Là-bas, il y produit des documentaires d’entreprises pour financer sa passion dans son pays privé longtemps de cinéma.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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