Distinction : le Vatican honore un douanier de la RDC

Lundi 16 Juin 2025 - 19:25

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La basilique Saint-Paul-hors-les-murs du Vatican a accueilli, le 15 juin, la cérémonie de béatification de Floribert Bwana Chui, un jeune douanier congolais assassiné en 2007 pour avoir refusé un acte de corruption. Âgé de 26 ans au moment de sa mort, il devient ainsi le premier martyr congolais officiellement reconnu par l’Église catholique.

 

La messe de béatification a été présidée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour la cause des saints, concélébrée par le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa et Mgr Willy Ngumbi, évêque de Goma, diocèse d’origine de Floribert, en présence de nombreux fidèles, religieux, diplomates et membres de la famille du disparu. La cérémonie a été suivie aussi bien à Rome qu’en République démocratique du Congo, où le nom de Floribert est depuis longtemps synonyme d’intégrité.

Son engagement courageux n’est pas passé inaperçu. Déclaré « martyr de la foi » par le pape François en décembre 2023, Floribert est désormais reconnu comme un témoin exemplaire de l’Évangile, mort pour avoir défendu les valeurs de vérité, de justice et de protection des plus faibles. « D’où un jeune homme pouvait-il tirer la force de résister à la corruption enracinée dans la mentalité courante et capable de toutes les violences? », s’est demandé le Pape Léon XIV. En tant que chrétien, a-t-il dit, « il a prié, pensé aux autres et choisi d’être honnête en disant ‘’non‘’ à la souillure de la corruption. C’est cela garder les mains propres; alors que les mains qui trafiquent l’argent se salissent de sang. […] Être honnête, c’est briller de jour, c’est répandre la lumière de Dieu, c’est vivre la béatitude de la justice : vaincre le mal par le bien ».

 Employé à l'Office congolais de contrôle à Goma, Floribert avait intercepté un convoi de denrées alimentaires, notamment du riz et de la farine, avariées destinées à la vente. Face aux menaces et aux tentatives de corruption, il est resté ferme, refusant de laisser passer ces produits dangereux pour la santé publique. Quelques jours plus tard, dans la nuit, il était enlevé puis retrouvé mort, criblé de balles, le corps abandonné à la périphérie de Goma.

Cette béatification résonne particulièrement dans un pays encore miné par la corruption et les conflits. En le reconnaissant comme bienheureux, l’Église catholique a adressé un message puissant : la sainteté ne se manifeste pas uniquement dans les églises, chez les prêtres ou dans les rites religieux, mais peut aussi naître dans l’accomplissement honnête et courageux du devoir quotidien. « Floribert nous rappelle que même dans les situations les plus corrompues, l’homme peut choisir la lumière. Il a préféré mourir que trahir sa conscience. Voilà le vrai martyr de notre époque », a déclaré le cardinal Semeraro. Pour beaucoup, cette reconnaissance redonne de l’espoir à une jeunesse congolaise encore en quête de repères. À Goma, une école et un centre pour la paix portent déjà son nom, et de nombreuses initiatives éducatives s’inspirent de son exemple.

Jean Pascal Mongo-Slyhm

Légendes et crédits photo : 

Le pape devant les religieux lors de la béatification

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