Les Dépêches de Brazzaville



Afrique: L’Europe en perte de vitesse au profit d'autres partenaires


Le Pr Pierre Dagbo, auteur de la "Diplomatie africaine, théorie et pratique", explique : "C’est parce que l’Europe est le partenaire le plus ancien qu’elle laisse des marges aux autres. C’est une évolution logique. Mais c’est elle qui est devant. Il y a une histoire commune". Une source diplomatique révèle que "l’Europe est le premier partenaire commercial, le premier investisseur, le premier bailleur de fonds".
Les échanges Europe - Afrique se sont élevés à 286 milliards d’euros en 2015 avec une balance favorable pour l’UE de 22 milliards. Puis, l'UE a injectié 21 milliards d'euros d'aide à l’Afrique, largement devant ls Etats-Unis et la Chine. Une autre source dipmoatique indique que "l'Europe tient sa place". 
Mais, à travers certains chiffres, la concurrence est rude. Le ministère chinois du Commerce affiche un volume d'échanges Chinafrique de 149,2 milliards de dollars en 2016 (56,9 milliards d’importations et 92,3 milliards d’exportations chinoises). Pour la 8e année consécutive, la Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Afrique,  loin devant la France et l’Allemagne.
La Chine s'appuie sur une politique de dons et de prêts à taux très bas. Ce qui permet sa forte présence dans les grands travaux. Les prêts chinois en Afrique des dix dernières années se sont élevés à 67,2 milliards de dollars, soit 12,5 milliards de plus que les prêts de la Banque mondiale (BM), Fitch Ratings. 
Les entreprises chinoises attirées par l'Afrique se font sur le potentiel de développement, les ressources et le marché. Pour la Chine, deux des trois pôles de développement du monde (l’Europe et l’Amérique du Nord) sont  en décroissance. Alors que l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie deviennent la destination naturelle de l’investissement chinois. 
Mais la Chine est concurrencée, à son tour en Afrique,  par une multitude d'acteurs, le Japon, l’Inde, les États du Golfe, les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Le commerce Brésil-Afrique a totalisé 12,433 milliards de dollars en 2016, mais il était de 28,5 milliards en 2013 avec le président Lula (2003-2010). L’arrivée de Dilma Rousseff (2011-2016) s'est traduite par une diminution d'intensité, en raison de la crise au Brésil.
Le Pr Dagbo appelle l’Afrique à renverser la tendance des échanges, notamment à cesser d’être perçue comme une "zone de matières premières", invitant à sortir des relations hégémoniques issues de la colonisation et à créer des conditions pour qu'elle se développe de manière endogène. Il faut surtout investir dans la qualité de l'enseignement, un marché qui compte déjà plus d’un milliard de personnes et va continuer à grandir à 2,5 milliards en 2050, selon l’ONU.

 


Noël Ndong