Les Dépêches de Brazzaville



Alida Makela Moungounga : « C’est possible de réaliser un mariage de rêve au Congo »


Les Dépêches de Brazzaville : Comment est né ce concept ?

Alida Makela Moungounga : À une certaine époque où je m’occupais de l’immobilier en tant que  démarcheuse, j’ai eu affaire à un client qui m’a donné du fil à retordre car  il n’arrivait pas à se décider sur le choix d’une maison. Nous avons visité plus de six logements avant qu’il ne choisisse la septième. Ce marché m’a été bénéfique puisque ce dernier m’a payé 600.000 FCFA. C’était une aubaine pour moi. Avec cet argent j’ai décidé de m’offrir un présent et mon choix s’est porté sur la confection d’une chaînette en or. Le seul problème : je n’avais pas en tête l’effigie du pendentif. Devant mon hésitation, le bijoutier (Ouest africain) me présente la gravure d’une poupée nommée « Poupée africaine », statuette très prisée en Afrique de l’Ouest. Je suis tombée sous le charme de cette poupée, je l’ai adoptée et elle est devenue mon emblème de travail.

En 2001, les dés sont jetés. Comment se fait votre cheminement vers cette notoriété aujourd’hui ?

J’ai commencé par la vente d’habits, de bijoux et d'accessoires. C’est seulement au fil des rencontres et des voyages que j’ai décidé de me lancer pleinement dans la décoration intérieure. Poussée par mon conjoint et mon entourage, je me suis donné à fond dans ce métier. Auparavant, je le faisais quand on me sollicitait pour des mariages, anniversaires, repas romantiques chez des particuliers ou des repas administratifs. Mais ce n’était pas de façon professionnelle. Depuis près de quatre ans « Poupée africaine » a commencé à avoir de la renommée. L’année dernière, la structure a connu un véritable succès. En effet, Poupée africaine a eu un parcours parsemé de découragements et d'indécision. Pendant toutes ces périodes, j’ai eu foi en moi et en ce que je fais. Et une dizaine d'années plus tard, le ciel semble s'éclaircir et je ne peux que rendre grâce à Dieu.

Mariages, anniversaires, relooking... Comment se font les consultations ?

Alida Makela Moungounga : Dans l’événementiel, et plus précisément dans le mariage, cela dépend du client, il peut me consulter pour l’ensemble du mariage, (coiffure, habillement et cérémonie) ou alors une partie de la fête, cela dépend des moyens du couple, et du temps que l'on prend avant le mariage car on n’organise pas un mariage un mois avant. Il faut au moins six mois à une année. À cela s’ajoute le choix du lieu, le thème du mariage, et aussi du nombre d’invités car vaut mieux avoir 10 convives et les satisfaire plutôt que 100. J’interviens aussi lors des dîners en amoureux et à domicile où Poupée africaine crée une ambiance romantique ... Il y a aussi le relooking que je fais à domicile. Il y a des gens qui ont de belles choses, des marques ou pas mais ne savent pas toujours comment les harmoniser ou à quel moment les porter. On ne va pas au boulot comme on irait à une réunion d’affaire ou encore à un dîner en amoureux. En ce qui concerne les voyages de noces, je conseille aux jeunes mariés des destinations par rapport à leurs envies et leurs finances. Enfin, j’interviens dans la décoration des hôtels, bureaux et maisons des particuliers. En fait je travaille avec des fiches mais je n’ai de modèles précis. Ce qui fait que toutes les couches sociales peuvent nous contacter car on a tous les tarifs pour satisfaire notre clientèle.

Avez-vous suivi une formation en tant que décoratrice d’intérieure ?

Alida Makela Moungounga : J’ai fait 25% d’étude et 75% d’autodidacte.  Mon parcours est assez atypique et je le dois à ma mère qui m’a beaucoup soutenue. Après le décès de mon père, ma mère s’est battue pour que nous ayons le maximum. Elle m’a encouragée à aller de l’avant surtout que j’étais l’aînée de ma famille. Avec le peu qu’elle gagnait, elle m’a envoyée en Afrique du Sud, un pays que j’ai tout de suite aimé. De plus, l’histoire du président Nelson Mandela m’a fortifiée, elle m'a poussée à ne plus regarder en arrière, à oublier toutes les peines, humiliations et difficultés que j’ai rencontrées tout au long de mon parcours pour me consacrer à l’avenir en me retournant entièrement à mon travail. À l’époque, j’étais dans la restauration et je me battais toujours à être parmi les meilleurs. Entre temps, j’ai commencé à faire la décoration, un penchant que je refoulais mais qui a finalement pris le dessus. Puis, j’ai commencé à aimer les belles choses, les fleurs, les beaux meubles alors que je ne dépensais aucun franc pour les acquérir. Internet est très vite devenu mon outil de travail. J’ai commencé à voyager par Internet, et la réalité a pris le dessus. Je suis allée visiter Cape Town, particulièrement les hôtels, les maisons des particuliers. Et à ces voyages, j’ai décidé d’ajouter la formation de fleuriste. Voilà, et  depuis l’année dernière ma boîte a connu une véritable explosion. Je ne peux que rendre grâce à dieu et je prie que cela aille de l’avant car j’ai encore  plein d’idées à offrir aux Congolais pour qu’ils aient des mariages dignes de véritables contes de fée.


Annette Kouamba-Matondo