Les Dépêches de Brazzaville



Archevêché de Kinshasa : la succession du cardinal Laurent Monsengwo en marche


Pour combien de temps le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya tiendra-t-il encore les rênes de l’archevêché de Kinshasa ? En tout cas, ses jours sont à présent comptés depuis que le pape François a décidé de lui flanquer un évêque coadjuteur, en la personne de l’évêque du diocèse de Mbandaka, Mgr Fridolin Ambongo Besungu. C’est la nonciature apostolique en RDC qui a été la première à annoncer la nouvelle de la nomination du vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) qui se trouve d’ores et déjà en pole position pour succéder à l’actuel archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo.

En effet, d’après les us de l’Église catholique romaine, l’évêque qui atteint 75 ans  d’âge dépose une lettre de démission et prend son éméritat dès que son successeur est installé. Le cardinal Monsengwo se trouvant dans ce cas de figure, devrait naturellement rendre le tablier au profit de son adjoint, quitte à ce que sa démission reçoive le quitus du pape et du collège de neuf cardinaux qui aident le successeur de saint Pierre dans le gouvernement universel de l’Église catholique romaine.

Une nomination dans un contexte particulier

Dans le cas d’espèce, cette procédure n’a pas encore été activée. En attendant, le nouveau promu qui est appelé à aider l'archevêque métropolitain dans sa mission pastorale à Kinshasa s’est déjà mis à l’œuvre. Pour tout dire, Mgr Fridolin Ambongo Besungu évoluera comme un évêque auxiliaire aux côtés de l’évêque diocésain, avec droit de succession immédiate sur le siège de l’évêque à qui il est adjoint après la démission ou le décès de ce dernier. Toutefois, la nomination de l’évêque de Bokungu-Ikela (province de l’Équateur) intervient dans un contexte particulier de la vie nationale sur fond des rapports tendus entre le pouvoir et l’Église catholique avec le cardinal Laurent Monsengwo en première ligne. Contrairement à une certaine opinion qui pense que le pape chercherait à « sanctionner » le cardinal Laurent Monsengwo pour ses incartades vis-à-vis du pouvoir de Kinshasa, maints analystes pensent plutôt le contraire.

D’après eux, le pape qui est resté constant dans ses prises de position vis-à-vis de Kinshasa sur fond de condamnation du moindre égarement des autorités, cherche plutôt à accentuer la pression en misant sur un évêque réputé proche de l’opposition radicale. En effet, susurre-t-on dans les milieux politiques, le nouvel archevêque coadjuteur de Kinshasa a toujours développé un discours tranchant défendant les thèses de l’opposition. « On s’attend à des envolées oratoires des plus violentes tant il n’a jamais fait mystère de son appartenance à l’opposition radicale », a lancé, avec regret, le secrétaire général adjoint de la Convention des Congolais unis, parti proche de la majorité.   

Pour rappel, l’actuel vice-président de la Cénco avait pris une part active dans les discussions ayant abouti à la signature de l’accord du 31 décembre 2016 en vue d’amener la classe politique à un texte inclusif.

Mgr Fridolin Ambongo est né le 24 janvier 1960, à Boto. Président de la commission Justice et paix en RDC, il a aussi dirigé la Commission épiscopale pour les ressources naturelles de l’épiscopat. Il fait partie des voix qui pèsent fortement dans l’épiscopat congolais et se fait remarquer par son franc-parler.


Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Cardinal Laurent Monsengwo