Les Dépêches de Brazzaville



Bancarisation : des fictifs et des doublons retrouvés sur la liste de paie des agents de l’Etat


Le système de bancarisation instauré depuis l’époque du Premier ministre Matata Ponyo évolue tant bien que mal. Les fonctionnaires de l’Etat continuent à percevoir leurs salaires par le biais des banques partenaires qui s’attèlent à la tâche avec dévouement. Mais au-delà des apparences, il existe dans cette pratique plusieurs faits de détournement qui viennent d’être portés à la connaissance du public à la faveur des enquêtes initiées récemment à ce sujet de la police judiciaire des parquets. Il s’est agi, au cours de ces investigations, d’élaguer les doublons et les fictifs, tout en procédant à l’évaluation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat en vue d’y apporter des correctifs éventuels s’il y a lieu.

Il ressort des résultats préliminaires desdites enquêtes que plus de 133.000 agents fictifs et environ 43.000 doublons se retrouvent sur le listing de paie et bénéficient indûment de cette rétribution, sans aucune sanction. Une situation qui persiste depuis le mois d’août 2011 et qui aura été favorisée par l’absence d’un système de bancarisation efficace. Conscient de la gravité des faits, et surtout de l’incidence que cela produit sur le Trésor public, les syndicats des fonctionnaires ont appelé à plusieurs reprises à un audit sur cette bancarisation pour un meilleur encadrement de la masse monétaire destinée à la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat.  

Toujours d’après le rapport préliminaire d’enquête précité, les effectifs des agents de l’administration publique, du président de la République jusqu’au dernier huissier, sont encore loin d’être maitrisés. On l’estime autour de 1.138.000 fonctionnaires, ce qui ne cadre pas avec la réalité qui va au-delà des chiffres avancés.

 Aussi curieux que cela puisse paraitre, la maitrise des effectifs de la Fonction publique continue à se poser avec acuité nonobstant les recensements réguliers effectués par des services compétents. Ce qui laisse supposer que cette situation est entretenue pour le besoin de la cause, au grand dam de l’Etat qui perd chaque mois des milliards de francs congolais qui vont être logés dans des poches des individus. Un manque à gagner considérable donc pour le Trésor public dans un contexte de marasme économique où le gouvernement a plus que jamais besoin d’argent pour réaliser ses projets d’intérêt communautaire.  Il appert, d’après les mêmes sources, que l’argent ainsi détourné est partagé entre cinquante  personnes, agents et officiels impliqués dans la chaîne de paiement avec la complicité de certains responsables de la Banque centrale du Congo et des banques commerciales.  Dossier à suivre.   

        


Alain Diasso