Les Dépêches de Brazzaville



Chronique : L’Afrique face au défi énergétique à l’horizon 2030


Parmi ces 17 objectifs  de développement durable, un en particulier revêt une importance capitale. Il s’agit de l’objectif 13 qui concerne la lutte contre les changements climatiques. Ceux-ci affectent désormais tous les pays sur tous les continents. Cela perturbe les économies nationales et affecte des vies, coûte cher aux personnes, aux communautés et aux pays aujourd’hui et coûtera même plus cher encore demain. Les conditions météorologiques changent, le niveau de la mer monte, les phénomènes météorologiques deviennent plus extrêmes et les émissions de gaz à effet de serre sont maintenant à leur plus haut niveau de l’histoire. Sans action, la température moyenne à la surface du monde devrait dépasser les 3 degrés centigrades ce siècle. Les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus touchées, notamment en Afrique.

Des solutions abordables et évolutives sont désormais disponibles pour permettre aux pays de passer à des économies plus propres et plus résilientes. Le rythme du changement s’accélère à mesure que de plus en plus de personnes se tournent vers les énergies renouvelables et que d’autres mesures réduiront les émissions et intensifieront les efforts d’adaptation. Le changement climatique est toutefois un défi mondial qui ne respecte pas les frontières nationales. C’est un problème qui nécessite des solutions qui doivent être coordonnées au niveau international pour aider les pays en développement à évoluer vers une économie à faibles émissions de carbone.

Pour renforcer la réponse mondiale à la menace du changement climatique, les pays ont adopté, lors de la COP21, l’accord de Paris sur le climat, entré en vigueur en novembre 2016. Dans cet accord, tous les pays ont convenu de limiter la hausse des températures à deux degrés centigrades. La mise en œuvre de l’accord de Paris est essentielle à la réalisation des ODD et fournit une feuille de route pour les actions climatiques qui réduiront les émissions et renforceront la résilience climatique. En avril 2018, 175 parties avaient ratifié l’accord de Paris et dix pays en développement avaient présenté la première version de leurs plans nationaux d’adaptation pour faire face aux changements climatiques.

On ne le dira jamais assez, l’Afrique est le continent le plus vulnérable vis-à-vis des changements climatiques ; avec 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle se place plus dans une logique d’adaptation que dans celle de l’atténuation, avec néanmoins des capacités d’adaptation très limitées. Le changement climatique va aggraver la vulnérabilité des populations. Jusqu’à 2030, les coûts économiques du changement climatique en Afrique sont estimés de 1,5 à 3% du PIB avec un besoin minimum de 10 milliards de dollars par an pour le financement de l’adaptation. L’accès aux financements verts et aux technologies propres ainsi que le renforcement des capacités constituent également des défis majeurs pour le continent.

L’Afrique dispose d’un véritable potentiel d’énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie et hydraulique), jusqu’à présent peu exploité. Il revient aux dirigeants des pays respectifs de promouvoir des mécanismes de renforcement des capacités afin que chaque Etat se dote de moyens efficaces de planification et de gestion pour faire face aux changements climatiques et espérer atteindre l’objectif 13 à l’horizon 2030.


Boris Kharl Ebaka