Les Dépêches de Brazzaville




Chronique : menace sur la biodiversité


La relation entre la diversité biologique (biodiversité) et le fonctionnement des écosystèmes est une des questions les plus actuelles de l’écologie aujourd’hui. En effet, la science ne cesse de démontrer incontestablement que notre planète est confrontée à une crise majeure d’extinction d’espèces et l’on s’interroge sur les conséquences concrètes de la diminution rapide de la diversité biologique avec, en toile de fond, la question de l’existence éventuelle d’une diversité minimale au-dessous de laquelle il ne faudrait pas descendre au risque de bouleverser profondément les conditions de vie de l’humanité. Beaucoup d’expériences ont été menées à travers le monde qui démontrent presque toujours qu’un grand nombre d’espèces est le gage d’une productivité élevée, y compris en milieu agricole, et la garantie d’une bonne capacité de résistance aux perturbations de toutes sortes, notamment climatiques et sanitaires. Cette liaison positive entre biodiversité et santé de l’écosystème a été exprimée en termes d’assurance biologique : plus les espèces sont nombreuses, plus il y a de chance pour que l’une ou plusieurs d’entre elles soient adaptées au nouvel environnement induit par un événement exceptionnel ou extrême.

C’est en tenant compte de tous ces paramètres que lors de la 14e conférence des parties (COP14) de la convention sur la diversité biologique, tenue en Égypte en novembre 2018, sur le thème « Investir dans la biodiversité pour les peuples et la planète », les cent quatre-vingt-seize pays et gouvernements participants ont convenu d’un accord international pour renverser la destruction globale de la nature et de la perte de biodiversité menaçant toutes les formes de la vie sur la planète.

Mais le but de cette conférence était surtout de préparer l’accord qui doit être trouvé en 2020 à Pékin (Chine) lors de la COP15. Cet accord a vocation à être l’équivalent pour la biodiversité de l’Accord de Paris sur le climat, c’est-à-dire un accord mondial et global qui permette de façon systématique et ambitieuse d’inverser le phénomène de dégradation du capital naturel. Il impliquera idéalement des engagements par pays, en responsabilité, avec un mode de compatibilité homogène que l’on puisse mettre au regard d’un effort mondial à réaliser.

Tout le monde s’accorde à dire aussi que sur cette première base d’accord, les gouvernements vont devoir faire preuve d’ambition et de leadership pour préserver les systèmes naturels sur lesquels reposent notre prospérité et notre bien-être car, malgré ces pas en avant, l’ambition affichée par les Etats n’est pas encore assez élevée pour parvenir à faire de la nature un sujet véritablement politique, et obtenir les changements transformationnels nécessaires pour mettre fin à  l’érosion de la nature. Alors que la biodiversité continue de disparaître à un rythme alarmant, nombreux organismes de préservation de la nature déplorent le manque d’action des pays membres de la convention sur la diversité biologique qui, pour la plupart, n’atteindront pas d’ici à 2020 les objectifs d’Aichi au Japon qu’ils s’étaient fixés collectivement en 2010, à savoir un plan stratégique pour la diversité biologique 2011 - 2020.

Dans le contexte de crise écologique actuelle, la biodiversité et sa valeur sont extrêmement fortes dès lors qu’on se projette sur le très long terme : trente, voire cinquante ans en avant. Or, nous avons du mal à envisager le long terme. Actuellement, l’économie récompense surtout le court terme. Prendre en compte la biodiversité implique donc la rénovation de notre cadre de pensée et d’analyse économique pour mieux intégrer le long terme, c’est-à-dire la planète. 

 

 

Boris Kharl Ebaka